Édito

La piscine qui cache la forêt

La piscine qui cache la forêt
Piscine de la Fontenette, Carouge © David Wagnières
Infrastructures publiques

C’est un lieu dans lequel une grande majorité d’entre nous a sans doute passé des moments magiques, à barboter dans une pataugeoire, frimer sur un plongeoir ou enchaîner des longueurs. La piscine municipale fait partie de notre mémoire individuelle et collective, tellement banale. Banale, oui, mais pas éternelle. Du moins si l’on n’y prend pas garde. Car une piscine publique, c’est une infrastructure qui coûte aux collectivités. Cela, quand bien même il faut s’acquitter d’un droit d’entrée. Ainsi, chaque année, la Ville de Genève consacre quelque 50 millions de francs au sport en général. Elle n’en retire qu’à peine cinq millions. C’est dire si bassins, terrains de football ou encore de badminton restent des services publics. Soit des opportunités offertes à toutes et tous de pratiquer du sport, gratuitement ou à prix contenu, grâce à l’impôt collecté auprès de la communauté.

Ces lieux de loisir, qui nous semblent tellement évidents, doivent donc être défendus comme un des symboles de la redistribution des richesses par les contributions publiques. Un symbole mis en péril par la doctrine de la droite qui ne rêve que de baisser les taxes de manière linéaire, soit au profit des plus aisé·es. Qui, pour certain·es, n’ont pas besoin de piscine publique, profitant de celles, privées, de villas, clubs et autres lieux de sociabilité. Il faut donc se battre pour que ces infrastructures publiques le restent et qu’elles puissent continuer à proposer des prix accessibles au plus grand nombre. Car le risque de voir certaines installations cédées à des privés existe. Ainsi, en France, le groupe Vert Marine, qui gère des piscines en lieu et place des communes, en a soudainement fermé une trentaine en 2022 pour cause d’explosion des coûts de l’énergie. Une décision lourde de conséquences pour les usager·ères et les clubs de natation que n’aurait sans doute pas prise une collectivité publique. De quoi priver bien des habitant·es d’un des seuls loisirs estivaux populaires et d’un accès à l’eau de plus en plus important à l’heure du dérèglement climatique.

Au-delà de ces équipements sportifs, ce sont tous les services à la population qui doivent rester sous la vigilance de l’opinion publique.

Opinions Édito Maria Pineiro Infrastructures publiques

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