Fiscalité: la guerre de tranchées
La fiscalité sera au coeur de deux sujets de votation, dimanche 18 juin à Genève. A une semaine du scrutin, force est de constater l’inégalité des moyens engagés. La droite et les milieux économiques semblent bénéficier d’un budget illimité. La conseillère d’Etat en charge des Finances, la PLR Nathalie Fontanet, est venue en personne devant les médias dire tout le mal qu’elle pensait de l’initiative pour une contribution de solidarité temporaire. Celle-ci vise notamment à augmenter légèrement l’imposition des fortunes de plus de trois millions de francs. A gauche, aucun membre de l’Exécutif genevois ne s’est risqué à faire l’exercice.
Voilà pour la forme. Sur le fond, les arguments sont toujours les mêmes: augmenter la taxation, c’est prendre le risque de faire fuir quelques uns des plus gros contribuables participant à la «prospérité financière» du Canton. Une hypothèse gratuite qui cache mal la propension de la droite politique – un large spectre allant du Centre à l’UDC, en passant par le PLR, le MCG et les Vert’libéraux – à défendre les ultras riches, jusqu’à l’hystérie.
Autre sujet soumis au suffrage populaire: la réforme de la loi sur les estimations fiscales des villas et propriétés par étage. Les affiches de campagne de la droite montrent des couples de retraité·es modestes devant leur maison. Celles et ceux-là même qui, soit dit en passant, verront l’imposition de leur bien augmenter. Ce que les affiches passent sous silence, c’est la baisse prévue de 15% de l’imposition sur la fortune, qui elle ne bénéficiera qu’aux nanti·es. A ce propos, pas de regret, le projet initial du Conseil d’Etat prévoyait le même mécanisme, malgré un différentiel de 200 millions de francs au niveau des rentrées fiscales.
Peu importe, il n’y a pas de crise des recettes, mais une crise des dépenses, argue la droite. Alors que les salaires réels ont diminué de 1,9% en Suisse en 2022, les dividendes distribués dans notre pays ont atteint un record, à 52 milliards de francs. Les fortunes excédant 10 millions de francs ont triplé entre 2010 et 2018. Malgré des comptes excédentaires, le PLR persiste à refuser tout nouveau poste en commission des finances, y compris pour faire face à des besoins aussi essentiels que l’école, la santé ou l’aide à domicile. Une façon assumée de dégrader le vivre-ensemble et de creuser le fossé entre classes sociales. Au lendemain du 18 juin, la droite repartira en ordre de bataille pour faire baisser les impôts de 5% des personnes physiques. Alors qui entretient une guerre de tranchées?