Religions

Miracles à l’écran, spectaculaires ou intimes

La 8e édition de « Il est une foi », organisée par l’Eglise catholique romaine, démarre le 3 mai aux Cinémas du Grütli.
Miracles à l’écran, spectaculaires ou intimes
Cinéma

Peut-on encore croire au miracle aujourd’hui? Dans un monde tourné vers l’hédonisme et la consommation, l’intangible n’est-il pas suspect ou en tout cas, peu digne d’intérêt? Durant cinq jours, le festival de cinéma Il est une foi décline la vaste thématique du miracle, «ce phénomène inexplicable qui réside au cœur de la foi», écrit l’Eglise catholique romaine (ECR). Les 28 films au programme en questionnent les différentes formes. Parmi eux, Life of Pi (2012) d’Ang Lee, La Prière (2018) de Cédric Kahn, ou encore Pinocchio (2012) d’Enzo d’Alò.

«L’histoire du cinéma regorge de représentations de la Passion ou de miracles divers», rappelle Bertrand Bacqué, enseignant en cinéma et directeur artistique du festival. «Si nous n’avons pas voulu mettre de côté le péplum, tel les Dix commandements (1956) de Cecil B. DeMille, notre programme suggère aussi que les films ‘religieux’, quasi catéchétiques, ne sont pas forcément les plus spirituels.» Il cite par exemple Les Anges du péché de Robert Bresson (1943). Avec La Déesse (1960) de Satyajit Ray, on quitte le monde judéo-chrétien pour l’hindouisme, lui aussi travaillé par la question du miracle. Quant à La Lune de Jupiter (2017) du Hongrois Kornél Mundruczó, il s’agit d’une fable fantastique qui imagine, loin de toute religion, un espoir incarné par un réfugié syrien hors du commun.

«Au fil de notre sélection, le ‘miracle’ revêt différent degrés de visibilité, du plus intime au plus spectaculaire.» Son coup de cœur, Ordet de Carl T. Dreyer (1955), évoque une résurrection – ou du moins la sortie assez inexplicable d’un trauma – tandis que Fatima (2020) de Marco Pontecorvo évoque des transformations plus intimes, alliant le collectif et l’individuel. L’ironie et le doute s’invitent aussi à l’écran avec Simon du désert (1965) – «quoique Buñuel est plus moqueur vis-à-vis de l’institution que de son personnage», note Bertrand Bacqué – ou L’Amore – Il miracolo de Roberto Rossellini. Ce film de 1948 raconte l’histoire d’une simple d’esprit visitée par un ange et qui mettra au monde un enfant: «Ce qui est miraculeux, ici, est peut-être que la vie reste possible malgré le rejet dont cette femme est victime.»

Certaines œuvres choisies affirment les miracles «comme le font les spectacles destinés à émerveiller les enfants que nous sommes», d’autres, telles Conte d’hiver (1992) d’Eric Rohmer, questionnent le public renvoyé «à sa conscience. A chacun, à chacune, de décider de ce qui relève soit du hasard soit d’un signe témoignant de l’invisible». Le complexe processus de validation d’un miracle sera thématisé dans L’Apparition (2018), de Xavier Giannoli, l’un des nombreux invités de cette édition. Plusieurs débats ponctuent les projections.

Programme complet: ilestunefoi.ch

Société Religions Dominique Hartmann Cinéma

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