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Netanyahou perd les pédales

AU PIED DU MUR

Benyamin Netanyahou perd complètement les pédales. Entouré par sa famille cinglée et de ministres d’extrême droite qui n’ont absolument aucune expérience politique – encore moins sécuritaire – et poussé par cet entourage néfaste, il a initié un changement de régime en projetant plus particulièrement une réforme radicale visant la neutralisation du pouvoir judiciaire.

Ladite réforme a provoqué une mobilisation populaire sans précédent qui a obligé le premier ministre israélien à geler son projet… jusqu’à la fin des fêtes religieuses et nationales, c’est-à-dire en mai. A la demande de ses proches, il a limogé son ministre de la Défense, Yoav Gallant (issu de son propre parti, le Likoud), pour le rappeler ensuite sous la pression populaire… et des Etats-Unis.

Ce sont les voyous d’extrême droite, Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, qui mènent le bateau, droit sur les récifs. L’administration étasunienne, dont Israël est totalement dépendante, n’a pas mâché ses mots pour dire que le cours pris par son allié privilégié remet en question «les valeurs démocratiques communes [aux] deux nations». Les membres du nouvel entourage du premier ministre ont riposté en disant aux Américains qu’ils n’avaient pas besoin d’eux, montrant par là à quel point ils sont déconnectés du monde réel.

Ben-Gvir, ministre de la Sécurité nationale, décide en plein ramadan de faire envahir la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, troisième lieu saint de l’islam. On peut imaginer la réaction du monde musulman à ce sacrilège, et facilement anticiper une vague d’attentats de la part de jeunes Palestiniens. En attendant, c’est de la bande de Gaza et du Liban que viennent les premières répliques.

Trop longtemps au pouvoir et très mal entouré, Benyamin Netanyahou semble aujourd’hui incapable de gérer raisonnablement l’Etat hébreu. Et les ennemis d’Israël semblent en être conscients. Au sein du Likoud, discrètement, on prépare la relève. Encore s’agira-t-il avant ça de neutraliser la «famille royale» qui n’a aucunement l’intention de passer la main et de renoncer aux prébendes du pouvoir.

Michel Warschawski est un militant anticolonialiste israélien, fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem/Bethléem).

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lundi 8 janvier 2018

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