Chroniques

Le lit des voyous fascistes

AU PIED DU MUR

L’opinion publique israélienne a glissé à l’extrême-droite, c’est un fait. Et le prochain gouvernement Netanyahou en sera le reflet, avec la place qu’il réserve aux partis fascistes. Menahem Begin, leader incontesté de l’opposition de droite israélienne pendant plus de trois décennies, puis chef du gouvernement, n’aurait jamais envisagé de s’allier à des groupes de voyous fascistes comme «Puissance juive» d’Itamar Ben-Gvir et «Sionisme religieux» de Bezalel Smotrich. Benjamin Netanyahou s’avère être une copie minable de celui dont il revendique l’héritage politique.

Derrière ses fanfaronnades (et certains talents d’orateur), se révèle un froussard facilement malléable. On savait que c’était le cas dans le contexte de son entourage familial, on le découvre désormais avec ses alliés politiques. Ben-Gvir [à la Sécurité nationale] et Smotrich [aux Finances, nommé de surcroît responsable des colonies en Cisjordanie occupée] ont décroché de la part de Netanyahou des budgets et des prérogatives qu’aucun ministre n’avait jamais obtenus avant eux, allant jusqu’à changer la nature même du régime en place. Netanyahou a tout lâché, sans même faire semblant de se battre.

Qu’est ce qui peut mener un politicien intelligent et expérimenté à tout solder à des alliances que vraisemblablement il méprise? La réponse est simple: sauver ses fesses des conséquences éventuelles des trois procès en cours pour diverses affaires de corruption. Seuls des voyous de l’espèce de Ben-Gvir peuvent entreprendre une grande contre-réforme constitutionnelle susceptible d’effacer les procédures engagées contre Netanyahou, et ils ont promis de la mettre en place dans l’urgence. Par la même occasion, elle permettra à un autre corrompu, l’ancien ministre de l’Intérieur Arieh Dery, de redevenir ministre, malgré son engagement auprès du parquet israélien de quitter la politique en échange d’un sursis.

La présence du disciple du «rabbin» Meir Kahane – autre voyou notable et ancien ennemi juré du FBI – au gouvernement déplait autant à l’administration étasunienne qu’à la majorité de la communauté juive outre-Atlantique et de ses institutions. Mais pour la coalition de fascistes et de corrompus qui vont bientôt former le gouvernement israélien, cette éventualité est quantité négligeable: on a avec nous Orban et Duterte (mais plus Bolsonaro!), qui a besoin des mollassons de ­Washington?

* Militant anticolonialiste israélien, fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem/Bethléem).

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lundi 8 janvier 2018

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