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Fragments de nuits

Cette chronique littéraire a été écrite par une étudiante en Lettres de l’université de Genève, dans le cadre des ateliers d’écriture animés par Eleonore Devevey et Natacha Allet.
Fragments de nuits
Roman

Des souvenirs d’un été solitaire sur les rives de la Méditerranée à l’immersion à deux au cœur de la forêt boréale, Les Heures abolies emporte son lecteur dans un récit intimiste et sensible. Dans ce second roman, Lou Darsan invite à suivre un voyage dont l’authenticité bouleverse, un cycle au fil des saisons, la maturation d’une femme et de sa mémoire fragmentée. Ces souvenirs lacunaires, épars, évanescents, évoquent un hiver qui s’éternise, un chalet isolé, les paysages du Grand Nord. Quoiqu’endolorie par les nuits polaires, la narratrice ravive avec minutie, parfois avec acharnement ou désespoir, des sensations bientôt oubliées.

Transparaît alors une volonté de s’ancrer, de porter une attention particulière à la nature omniprésente, glaciale, sauvage, ainsi qu’au temps. Dans ce paysage figé par le froid, la temporalité s’altère, s’atrophie. Ce froid contraste avec la chaleur des corps en émoi que la narratrice décrit à la fois élégamment et sans détours. Ces corps sont ceux de la femme qu’elle incarne, et de l’homme avec qui elle entretient une relation amoureuse. une harmonieuse alliance d’intimité et de liberté.

Dans une écriture poétique qui bouscule les codes narratifs, l’autrice française peint un tableau impressionniste, qui fait fortement impression. Si l’on peine parfois à saisir le cours du récit, en raison de la subtilité lexicale et de la virtuosité du style, sa singularité tient à l’expérience qu’il propose: synesthésique et mystérieuse. Qu’on le juge envoûtant ou inaccessible, sa lecture peut diviser mais ne laisse pas indifférent. Linda Mancesti

Lou Darsan, Les Heures abolies, Ed. La Contre Allée, 2023, 224 pp.

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