Position stupéfiante de la Suisse
Les Aînées pour la protection du climat, association créée en 2016, ont entamé alors une action en justice, affirmant que notre gouvernement ne les protège pas adéquatement vis-à-vis des problèmes de santé que cause, particulièrement chez les personnes âgées de sexe féminin, le dérèglement climatique. Elles se basent sur les faits avérés qu’elles souffrent nettement plus à cet égard que d’autres groupes. En demandant que l’autorité publique assume ses responsabilités par des mesures suffisantes vis-à-vis des dangers liés au climat, correspondant aux engagements pris lors de la COP21 de Paris en 2015.
Leur action a été déboutée en Suisse. Les instances concernées ont allégué notamment que ces femmes seniors n’étaient pas soumises à des risques supplémentaires suffisamment plus élevés que d’autres; elles ont aussi dit que le dérèglement climatique est un phénomène mondial et que la Suisse, petit pays, n’émet qu’une portion très modeste du CO2 cause des problèmes actuels. Laissant entendre que nous sommes trop «faibles» pour être efficaces à l’endroit d’un danger global. Argument sommaire, indigne de qui le présente. Un enfant de 6 ans en voit la fausseté.
Les Aînées ont donc fait recours auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Ce qui sidère, c’est que lors de l’audience du 29 mars à Strasbourg à laquelle assistaient des dizaines de «Klima-Seniorinnen», ce dernier argument a été évoqué à nouveau par les représentants de notre gouvernement!
Comment qualifier cette myopie et cet égoïsme crasses, dans la bouche d’un pays si fier d’être celui des Conventions de Genève et du CICR, qui dit faire preuve de générosité, qui se targue de son programme de coopération au développement, qui est chargé de missions de bons offices au plan international? En clair: cette Suisse refuse d’assumer une partie adéquate de ses responsabilités en matière de climat. Que les autres s’en occupent d’abord…? Nous on fait à notre manière, on verra ensuite? Y compris en achetant des quantités de quotas d’émission de CO2 aux pays pauvres (autre aspect très discutable du dossier).
Pourtant, la responsabilité de notre pays doit logiquement correspondre à sa prospérité et à ses consommations excessives et productions potentiellement nuisibles, très émettrices de CO2.
Voilà qui fait réfléchir quant à l’état actuel de la responsabilité politique, pratique, morale, au plus haut niveau. Ceci alors que d’autres évènements majeurs récents mettent en cause la crédibilité de notre pays, sapent la confiance qu’on lui faisait traditionnellement. Triste.
Dr Jean Martin, ancien médecin cantonal vaudois, Echandens (VD)