Édito

Les bons comptes pour les bons amis

Les bons comptes pour les bons amis
Le Conseil d'Etat genevois in corpore. KEYSTONE
Finances

Les comptes sont bons. Alors qu’il tablait sur un déficit de 274 millions de francs, l’Etat de Genève boucle l’exercice 2022 avec un bénéfice de 727 millions! Sans des amortissements extraordinaires, le boni aurait même été de 1,3 milliard de francs. Excusez du peu!

=> Notre article «Jackpot fiscal pour le canton»

Comme le chien de Pavlov qui salive dès qu’on agite une sonnette annonciatrice de pitance, les partis bourgeois ont entonné leur mantra: il faut baisser les impôts, je dirais même plus, il faut baisser les impôts… Le degré zéro de la politique. A l’automne 2021, ces mêmes formations précipitaient les finances publiques dans le système précaire des douzièmes provisoires obligeant l’Etat à un pilotage à vue. Et, à l’automne dernier, il a fallu leur forcer la main pour que la fonction publique obtienne l’indexation de ses traitements au renchérissement.

La bonne tenue des recettes fiscales n’est d’ailleurs pas propre à Genève. Les chiffres du bout du lac sont simplement plus marqués, ce qui est une constante dans un canton où les finances publiques sont proactives, elles baissent plus vite qu’ailleurs en cas de ralentissement conjoncturel et redémarrent avec une vigueur décuplée lors des reprises. Ce qui est monté peut redescendre tout aussi rapidement.

Au-delà de l’heureuse nouvelle pour les caisses publiques genevoises – la dette baisse de 948 millions de francs à 11,5 milliards – cette bonne tenue de l’impôt traduit en fait un creusement des inégalités. La Réforme de la fiscalité des entreprises (RFFA) a réduit de moitié l’impôt payé par les grands groupes (hors statuts spéciaux). Les actionnaires se sont goinfrés et les bonus ont été plus généreux que d’habitude. Cela se retrouve au niveau de l’impôt sur les personnes physiques. Des fortunes s’accumulent. Des baisses d’impôts bénéficieront très majoritairement à ces gros revenus.

Et, au-delà de cette logique de justice fiscale, d’énormes enjeux attendent le canton du bout du lac. Des secteurs aussi importants que la formation ou la santé sont à la peine. Genève a pris du retard dans la mise à disposition de certains équipements. On pense aux écoles, mais aussi à la mobilité durable – les besoins en réseau RER sont énormes – ou à l’assainissement énergétique du parc immobilier.

Le processus de transition induit par la crise climatique réclamera des moyens. Une illustration de plus que la réponse à la crise climatique ne peut faire l’impasse sur la question sociale.

Opinions Édito Philippe Bach Finances

Autour de l'article

Jackpot fiscal pour le canton

jeudi 30 mars 2023 Maria Pineiro
Les comptes 2022 du canton bouclent sur un bonus de 727 millions de francs alors qu’un déficit de 93 était prévu. Un  résultat dû à des rentrées fiscales non prévues de 1,8 milliard.

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