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Information scientifique, communication, propagande

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Depuis longtemps la communication d’entreprise a inventé l’inintelligence artificielle de ChatGPT: en ce domaine comme en bien d’autres, le cerveau humain dépasse toutes les IA! Prenons le cas d’une institution rigoureuse et scientifique comme l’université de Genève. Bien que relatant presque à chaque fois une innovation scientifique ou culturelle, ses communiqués de presse sont bourrés de formules standard, répétitives qui, au-delà du contenu, visent à construire une image de marque impressionnante pour le lecteur, journaliste ou autre. Je n’accuserai certes pas mes amis du service de presse de l’uni d’être consciemment robotisés ou soumis à l’autorité d’un propagandiste machiavélique. Mais la forme de leur communication a souvent l’air de sortir d’une école de marketing et partage des méthodes de la communication commerciale ou politique (faut-il distinguer les deux?).

D’abord, la mention des chercheurs commentés se fait avec un maximum de titres et de grades locaux et leur appartenance à des laboratoires ou institutions, le tout répété dans des textes courts. Les collaborations extérieures, parfois déterminantes, sont souvent mentionnées plus discrètement. Et puis la citation des revues de publication s’accompagne de qualificatifs automatiques par la répétition desquels certaines, comme Nature ou Science, se sont fait la réputation d’être «prestigieuses» ou «très prestigieuses». Alors qu’il s’agit de revues commerciales sélectionnant arbitrairement plus de nonante pour cent des articles qu’elles rejettent sans les lire ou les faire lire.

Les articles retenus pour lecture sont souvent plus sommaires et moins documentés que ceux publiés par des revues spécialisées dites «de second rang», mais dont le fonctionnement respecte beaucoup plus les critères d’évaluation par des collègues compétents. Chez les «très prestigieuses», les copinages, surtout de grands laboratoires anglo-américains, comptent beaucoup. Ainsi que le côté «sexy», pour la presse généraliste, d’articles que l’on mentionnera en bonne place dans les communiqués de presse de la revue, sinon en couverture.

L’impact médiatique est plus important que des critères bassement scientifiques, comme la rigueur statistique, la pertinence des hypothèses testées ou la robustesse des résultats clamés. La recherche de scoops, fussent-ils «bidons» et démentis sous peu, est prioritaire. D’ailleurs, un démenti n’est que très rarement publié par la prestigieuse revue et, même dans ce cas, il sera moins lu que le prétendu scoop.

C’est ainsi que des âneries comme la fusion à froid, la mémoire de l’eau, l’Eve africaine et bien d’autres continuent à circuler, voire constituent un paradigme dans certains milieux académiques. Ainsi, la publication scientifique d’autoproclamée «excellence» tend plus à être plus évaluée par des «likes» dans un «très petit monde» que par la mise à l’épreuve de ses conclusions face à toute la communauté scientifique… et à la réalité. Bref, parfois on se croirait sur TikTok ou Instagram plutôt que chez des gens compétents…

Alors, comme disait Lénine, «que faire?»

Deux générations d’impérialisme culturel et économique anglo-américain ont réussi à éliminer les approches scientifiques déviantes de leur modèle, de leurs mafias culturelles et de leur racket économique. Car la publication scientifique y est réservée à ceux qui peuvent la payer très cher en travail, pour rentrer dans un moule culturel biaisé, rigide et inconfortable, et aussi souvent en argent. Car c’est un monde étrange où les auteurs payent pour être publiés et pas l’inverse! N’y échappent que les disciplines très culturelles et intraduisibles, et sans doute des publications en chinois qui, dans certains domaines, pourraient valoir les «prestigieuses» occidentales. Mais le scientifique compétent d’un petit pays ne peut que se soumettre à la dictature scientifique ambiante, ou trouver une des rares niches protégées où l’être de la compétence l’emporte encore sur le paraître médiatique.

«Juste une illusion» est le thème de la Semaine du cerveau 2023 organisée par le Geneva University Neurocenter (Unige).
Du 13 au 17 mars, tout public, www.semaineducerveau.ch

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lundi 8 janvier 2018

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