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«A l’UDC, l’art de la répétition?»

Jeremy Borel, vice-président des Jeunes Vert’libéraux Suisse, réagit au dépôt du référendum de l’UDC contre le contre-projet à l’initiative sur les glaciers.
Energie

«Alors que revoilà la sous-préfète!». La réplique tirée d’une des scènes cultes du film La Cité de la peur pourrait tout à fait convenir à la non-nouveauté sortie par l’UDC et ses alliés jeudi dernier: «L’UDC dépose 100’000 paraphes contre la neutralité carbone» comme l’ont titré maints médias. Ce n’est bien sûr pas la première fois que le parti, et plus largement les anti-écologistes de droite, s’attaquent à la transition énergétique, d’où le triste comique de la répétition. Mais soyons fair-play! Les référendaires exercent un droit politique primordial et c’est plutôt rassurant de voir qu’une loi puisse être remise en question, même si elle a reçu un large soutien au parlement. Ne tombons donc pas dans la facilité en critiquant l’acte référendaire en lui-même mais regardons plutôt les implications de celui-ci en particulier.

Le comité dit «contre la loi sur le gaspillage de l’électricité» attaque en réalité une loi faisant office de contre-projet à l’initiative pour les glaciers. Cette dernière, retirée sous conditions par les initiants, visait à inscrire dans la Constitution l’objectif de la neutralité climatique d’ici 2050 et, pour ce faire, une interdiction des carburants et combustibles fossiles à partir de cette date-là, projet laissant donc déjà une grande marge de manœuvre pour la transition. Etant satisfaits du contre-projet que le Parlement a fini par lui opposer, les initiants ont donc retiré leur initiative en faveur de ce qui est désormais appelé la «loi climat».

L’UDC, seule opposée à cette loi au parlement, a donc lancé un référendum là-contre. Profitant du contexte actuel, les référendaires ont fait et font campagne en dénonçant un texte qui, selon eux, serait nuisible à l’approvisionnement énergétique, à la prospérité du pays et à la démocratie – rien que ça! Sur ce premier thème, très actuel, les anti-écologistes – parce qu’il faut bien appeler un chat un chat – argumentent que l’objectif de neutralité carbone est intenable avec la crise actuelle. Comme si ce n’était pas la dépendance générale aux énergies fossiles qui l’avait causée! Sur le second, ils avancent que la transition coûterait trop cher. Cette fois-ci, c’est la notion d’externalité négative et sa pertinence dans le débat économique et écologique qu’ils omettent, mais passons.

Là où leur référendum est intéressant, c’est dans sa dénonciation d’une loi «anti-démocratique». Comme à son habitude, la droite dure pointe avec ce terme la soi-disant volonté du gouvernement de passer outre la volonté du peuple en se donnant des outils pour la bafouer quand l’envie lui chante. Il n’est pas à démontrer que ce reproche est faux. La loi climat ne fixe que des objectifs ainsi que des premières mesures incitatives, avec par exemple un programme d’impulsion en faveur du remplacement des installations de production de chaleur à combustible fossile. Pour mettre en place toutes les autres mesures, telles que des taxes, le gouvernement devra soumettre ses propositions à l’Assemblée fédérale et le peuple pourra ensuite toujours utiliser son droit de référendum. Pour résumer, la loi n’a rien d’antidémocratique et c’est bien sur ce texte que nous voterons. Le propos tenu par les référendaires est en définitive tout à fait fallacieux et semble surtout justifier leur obsession anti-écologiste.

Point positif en revanche: avec cette votation, le peuple aura à nouveau l’occasion de s’exprimer sur la résolution de la crise climatique et pourra cette fois-ci faire comprendre à la droite dure que la voie populiste du statu quo perpétuel n’est pas la bonne. Avec un oui clair à ce premier pas tout à fait consensuel, le débat pourra enfin se faire sur la suite des mesures à prendre. Mine de rien, le temps se fait pressant.

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