Édito

Laisser faire et ne rien faire

Laisser faire et ne rien faire
KEYSTONE/ PHOTO PRÉTEXTE
Assurance maladie

Assurance maladie: il est urgent de ne rien faire. C’est le message sans équivoque qu’a adressé mercredi le Conseil des Etats aux Suissesses et aux Suisses. Ceci en rejetant le compromis – un contre-projet indirect – proposé par le Conseil fédéral à une initiative du Parti socialiste suisse (PSS). Celle-ci propose de plafonner à 10% du revenu disponible le montant des primes de l’assurance maladie.

Le coût de la mesure est évalué entre 3,5 et 5 milliards de francs. Soit un quasi-doublement de l’aide d’ores et déjà versée aux revenus modestes pour le paiement de leurs primes. Trop cher, a estimé le Conseil fédéral qui plaide pour un contre-projet. La Chambre basse a mis sous toit une mouture dont le coût est évalué à 1,3 milliard de francs pour la Confédération et à 900 millions pour les cantons.

Ce projet a encore été raboté en commission pour se voir finalement opposer un refus d’entrée en matière par la Chambre haute. Avec des arguments pour le moins surprenants. L’extrême droite udéciste est sans doute dans son rôle en plaidant pour l’autonomie cantonale, elle qui défend volontiers une Suisse d’Ancien Régime consistant en un agglomérat de cantons souverains. Il est plus surprenant qu’elle ait réussi à entraîner le Parti libéral et le Centre dans sa posture.

L’argument du cantonalisme est malvenu. Les hausses à répétition des primes d’assurance maladie sont une des principales causes qui poussent des ménages sous le seuil de pauvreté. Et, partant, obligent les collectivités locales à prévoir des aides complémentaires.

Derrière ce refus d’entrer en matière se cache un mépris des petites gens qui peinent à boucler les fin de mois, avec une inflation repartie à la hausse qui rogne le pouvoir d’achat et des tarifs d’électricité en progression.

L’initiative du PSS permettrait de réinstaurer un minium de contrôle au niveau fédéral dans le bateau ivre qu’est devenu le système de financement des soins. Ce qui fait cruellement défaut à l’heure actuelle. Les différences cantonales en la matière que la droite bourgeoise met en avant pour dire son refus du contre-projet participent du problème dans un domaine où, précisément, la sacro-sainte loi du marché a montré plus que ses limites, et représente au contraire une course vers l’abîme.

Opinions Édito Philippe Bach Assurance maladie

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