Édito

Un antidouleur contre les primes

Rejet de la franchise minimale à 500 francs
Photo prétexte. KEYSTONE/ARCHIVES
Assurance maladie

Pour tenter de remédier aux difficultés croissantes que rencontrent nombre de foyers à payer leurs assurances-maladie, le Parti socialiste suisse (PSS) a lancé hier son initiative pour plafonner les primes à 10% du revenu des ménages. Cela au travers de subsides, dont deux tiers des coûts sont assumés par la Confédération et le reste par les cantons. Si le mécanisme prévu ne remet pas en cause les fondements d’un système injuste et profondément malade, ses effets n’en représenteraient pas moins une bouffée d’oxygène particulièrement bienvenue pour les familles de la classe moyenne.

Le coût des assurances de base a plus que doublé au cours des vingt dernières années. Etranglant nombre de ménages et poussant les résidants à réclamer des crédits – 62% des foyers endettés en 2017 l’étaient à cause des primes maladie –, ou à choisir les modèles les moins chers, soit les franchises les plus hautes, puis à renoncer à des soins qu’ils doivent payer de leur poche.

En moyenne suisse, le coût des primes maladie s’élève à 14% du revenu disponible, explique le PSS. Cette part peut monter jusqu’à 25% dans certains cas, notamment à Genève. Soit très largement au-delà du maximum de 8% du revenu que promettait le Conseil fédéral lors de l’introduction de la loi sur l’assurance-maladie (LAMal) en 1996.

Une réaction urgente est absolument nécessaire. Le mal est dénoncé depuis des années, sans que rien ne change dans un système largement défendu par la majorité des parlementaires fédéraux. Dont un certain nombre sont rémunérés par les caisses maladie, grandes gagnantes du régime en vigueur.

Avec le modèle proposé par le PSS – déjà mis en place dans le canton de Vaud et en débat à Genève –, les problèmes de fonds persistent. On ne touche pas aux réserves faramineuses des caisses ni aux rémunérations astronomiques de leurs dirigeants. On ne limite pas les hausses des coûts de la santé, notamment dues au vieillissement de la population et à la privatisation croissante du réseau médical. Surtout, on ne remet pas en cause le principe de «flat tax» que représente l’établissement des primes.

Le mécanisme proposé par les socialistes introduit cependant, de manière détournée, une pincée de redistribution et de proportionnalité, au travers de l’impôt. Il ne s’agit pas de la cure dont la LAMal a grandement besoin, mais d’un antidouleur destiné aux familles à faibles et moyens revenus.

Au vu de la situation actuelle, cet allègement doit être soutenu. Sans pour autant renoncer à se battre pour réformer en profondeur le système.

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