Édito

La santé, le domaine où la franchise est un gros mot

Primes trop lourdes dans le budget
Les primes de l'assurance-maladie pèsent toujours plus lourd sur le budget des Suisses. KEYSTONE/PHOTO SYMBOLIQUE.
Assurance maladie

La franchise de base de l’assurance-maladie pourrait augmenter de 50 francs et passer à 350 francs. Pire. Mardi, le Conseil des Etats a aussi, après le vote du National, donné le feu vert à un mécanisme d’indexation automatique des sommes à la charge des assurés qui verrait cette franchise progresser d’une somme équivalente tous les trois à quatre ans. A l’horizon 2030, elle pourrait atteindre les 500 francs! Fort heureusement, le Parti socialiste suisse a annoncé sa volonté de lancer un référendum.

La décision des sénateurs est scandaleuse. Elle pénalise les revenus modestes, tout en renonçant à s’attaquer au fond du problème. Ceci selon une logique de la double peine. La hausse constante des primes d’assurance-maladie est la principale cause qui fait basculer les Suisses dans la pauvreté et oblige les cantons à venir en appui. Et cette progression des franchises fait peser un poids plus élevé sur les assurés: leur participation aux coûts de la santé a progressé de 111% depuis l’entrée en vigueur de la loi sur l’assurance-maladie en 1996!

Lorsque la droite, la bouche en cœur, prétend faire appel à la responsabilité individuelle, elle passe sous silence les combines qui permettent aux caisses maladie de tamiser les bons risques: quelqu’un qui souffre d’une maladie chronique peut rarement se payer le luxe d’avoir des milliers de francs dans la nature en attendant le remboursement des factures; le système du tiers garant – où l’assuré doit avancer les frais –, souvent celui des caisses moins chères, lui est barré.

Ce faisant, on ne s’attaque pas aux dysfonctionnements du système. Celui qui voit les caisses œuvrer dans l’opacité. Les cantons n’ont jamais pu exercer les contrôles qu’ils réclamaient. Et, lorsque des abus sont détectés – comme cela est apparu dans le cas des réserves accumulées sur le dos des cantons romands –, ces sommes ne sont pas ou peu remboursées.

Le référendum est indispensable. Il permettrait de bloquer des pratiques qui frisent le code. Celles-ci s’expliquent par une certaine passivité teintée de fatalisme des Suisses. Mais surtout par le poids de lobbies qui gangrènent le monde politique. La récente étude de Transparency International sur la Suisse a mis en évidence que le secteur de la santé et du social est celui où le liens d’intérêts sont les plus marqués: pour les trente-huit politiciens actifs dans les deux commissions relevantes, 90 liens d’intérêts avec des groupes d’assurances ou liés à ces entreprises ont été mis en évidence. Seuls cinq députés ne sont pas affouragés par ces dernières! Ne cherchez plus l’erreur. I

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