Édito

Ne pas banaliser l’imagerie d’extrême droite

Banalisation de l’imagerie d’extrême droite
Un commandant du régiment Azov, intégré à l’armée ukrainienne, a participé mercredi dernier à un rassemblement sur la place des Nations à Genève vêtu d’un t-shirt orné du Wolfsangel, un avatar de la swastika qui renvoie directement au nazisme. COMITÉ UKRAINE-GENÈVE
Extrême droite

L’image ne laisse pas d’inquiéter. Un commandant du Régiment Azov, intégré à l’armée ukrainienne, a participé mercredi dernier à un rassemblement sur la place des Nations à Genève, à l’invitation du Comité Ukraine Genève, avant d’être reçu à l’ONU. Ce militaire était vêtu d’un tee-shirt orné du Wolfsangel, un avatar de la swastika qui renvoie directement au nazisme. Il était arboré par la sinistre division Das Reich, celle qui a participé à la Shoah par balles… notamment en Ukraine.

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Cela n’ôte bien sûr rien à la légitimité du combat des Ukrainien·nes qui sont sans doute nombreux et nombreuses à ne pas se reconnaître dans ce type d’idéologies totalitaires. Ni ne valide la propagande poutinienne qui tente de justifier l’invasion de ce pays souverain sous prétexte de «dénazification ». Qui est-il pour donner des leçons de morale politique au monde entier? Mais difficile de passer comme chat sur braise sur les accointances avec l’idéologie totalitaire du Troisième Reich de cette partie de la résistance ukrainienne.

La Russie ne semble manifestement et heureusement pas en mesure de l’emporter dans ce conflit. Que se passera-t-il une fois la situation normalisée? La légitimité de cette détestable résurgence d’un passé qu’on espérait enterré sera renforcée par la légitimité tirée de sa lutte. Elle n’a d’ailleurs pas attendu le conflit pour peser au niveau politique dans cette république slave. Après l’intégration du régiment Azov dans l’armée régulière ukrainienne, l’un de ses membres, Vadym Troyan, a dirigé la police nationale entre 2015 et 2021.

Les cyniques ou les pseudo réalistes diront que tous les moyens sont bons et que mobiliser des personnes prêtes à partir au front est de bonne guerre. Pour les mêmes, une fois que les canons se seront tus, il sera temps de les renvoyer à leurs pénates.

C’est jouer avec le feu. Est-ce ainsi que les choses se passeront? Quel sera le visage de l’Ukraine de demain? Se retrouvera-t-on avec un nouvel Etat défendant des thèses extrêmes, à l’image de la Hongrie de Viktor Orban, voire se retournant contre les pays qui la soutenaient, comme en Afghanistan?

L’exemple des pays occidentaux n’est pas pour rassurer, entre le trumpisme insurrectionnel aux Etats-Unis ou l’Italie qui met une nostalgique au pouvoir, le modèle et les valeurs démocratiques ne sont pas à la fête.

Le rappel des fondamentaux des libertés s’impose. Il commence chez nous. Notamment en évitant de s’afficher à côté d’aussi douteux symboles comme l’ont fait deux élu·es de gauche aux Chambres. Les ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis.

Opinions Édito Philippe Bach Extrême droite Ukraine

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