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Sauver «Le Courrier», c’est maintenant!

Le quotidien, bien installé dans ses nouveau locaux mais plus instable dans sa situation financière, lance sa campagne de recherche d’abonnements.
Sauver «Le Courrier», c’est maintenant!
«Malheureusement, les nouveaux bureaux ne reflètent pas notre état financier actuel», a averti Kate Reidy, nouvelle directrice administrative du Courrier, aux côtés de Philippe Bach, rédacteur en chef (à gauche) et Florio Togni, président de la NAC (au centre). JPDS
Le Courrier

La peinture fraîche brille sur les murs et le parquet accueille encore, ça et là, quelques cartons de déménagement. Lundi matin, la direction du Courrier a invité les médias dans ses nouveaux locaux flambants neufs. Dès l’ouverture de la conférence de presse cependant, Kate Reidy, directrice administrative depuis le 1er septembre, a balayé les possibles suppositions: «Malheureusement, ces bureaux ne reflètent pas notre état financier actuel. Nous avons fait appel à un financement extraordinaire, principalement de la fondation Aventinus, alloué spécifiquement au déménagement.»

> Lire aussi notre édito: Portes ouvertes et avenir du Courrier

En toute transparence, comme le journal en a l’habitude, elle dévoile au contraire une situation générale défavorable: «Nous avons enregistré au 30 juin 2022 un déficit de 302’500 francs». A Philippe Bach, rédacteur en chef, de renchérir: «En début d’année, nous avons aussi atteint la cote d’alerte que nous nous étions fixés, soit le passage en dessous de la barre des 8000 abonnés.» Malgré une revalorisation des tarifs des abonnements web qui ne reflétaient pas le travail investi, le journal n’arrive pas à pallier la perte de terrain du support papier.

La presse sous l’eau

«Nous sommes conscients que nous ne sommes pas les seuls dans une situation difficile», souligne Kate Reidy, un regard de connivence pour l’assemblée. «Mais de par notre indépendance vis-à-vis des grands groupes de presse, les changements d’habitudes en matière de consommation de l’information sont particulièrement durs sur nos finances. Les gens se tournent de plus en plus souvent vers du contenu gratuit sur les réseaux. Dans ces conditions, nous avons du mal à poursuivre le développement de notre pôle numérique.»

Le journal n’arrive pas à pallier la perte de terrain du support papier

En plus, les autres coups – et coûts – portés au journal sont multiples. Le quotidien paye encore aujourd’hui le prix de la crise sanitaire par exemple. «Nous avons perdu 295 abonnés pendant la période de pandémie», informe Philippe Bach. Le Courrier avait alors choisi un positionnement en faveur de la vaccination, en vertu du principe de solidarité envers les plus faibles. Celui-ci n’avait pas plu à certains milieux. En sus, la baisse actuelle du pouvoir d’achat, notamment à cause de la hausse du prix de l’énergie, implique des coupes dans les budgets familiaux. Les abonnements à la presse sont ainsi des dépenses rapidement réduites. Finalement, la renégociation des contrats avec l’ATS, qui doit combler elle aussi un trou dans ses recettes après avoir perdu un de ces plus gros clients romands, n’arrange rien.

A cette situation déjà précaire s’ajoute une croissante judiciarisation de la profession, particulièrement dangereuse pour les petits médias. La rédaction du Courrier est engagée dans plusieurs procédures. Comme la saisie de la Cour européenne des droits humains à Strasbourg dans l’affaire Gandur qui a déjà coûté 50’000 francs au Courrier. «Les Suisse Secrets ont d’ailleurs démontré que nous sommes dans un système bien plus restrictif envers la presse que nos voisins», conclut le rédacteur en chef.

Nouvelle prise d’élan

Mais à nouveaux bureaux, nouveau départ. Et surtout nouvelle campagne de recherche d’abonné·es, «L’abonnement, c’est maintenant». Le Courrier lance ce mardi une série de vidéos qui seront diffusées sur les réseaux sociaux et au travers desquelles le journal propose simplement de découvrir les visages de l’équipe de professionnel·les qui veut continuer de proposer «une information libérée du profit». Une manière de dévoiler l’humain derrière le journal. Avec comme objectif d’atteindre 10’000 abonné·es, ce qui garantirait une durabilité financière, la campagne virtuelle sera couplée à de nombreux affichages, à Genève et partout en Suisse romande.

Finalement, pour honorer l’esprit de communauté et inaugurer en bonne et due forme les locaux, une journée portes ouvertes ainsi qu’une soirée, en collaboration avec Le Rez de l’Usine et la Fonderie Kügler, auront lieu le samedi 8 octobre prochain. Le programme est à découvrir ci-après.

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Société Médias Laura Morales Vega Le Courrier

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