Nécessaire extension
Un approvisionnement neutre en CO2, c’est possible à l’horizon 2035. Six associations de défense de l’environnement, parmi les plus importantes de Suisse, ont présenté lundi un scénario pour répondre à la crise climatique. Du côté des bonnes nouvelles, elles estiment, comme les principaux mouvements climatiques, que l’échéance de 2050 fixée par le Conseil fédéral pour atteindre cet objectif de neutralité en matière d’émissions de gaz carbonique est bien trop timide si l’on entend éviter la catastrophe. En cela, elles participent de la nécessaire pression sur nos autorités traumatisées par l’échec l’an passé de la loi sur le CO2 et sur un parlement qui peine à se libérer des pressions de certains lobbies économiques.
Les recettes pour atteindre cette neutralité en matière de relâchement de CO2 dans un délai rapide ne sont guère originales: le gisement des économies d’énergie est énorme, le parc automobile doit être assaini et l’autoproduction recèle des potentiels considérables si on met le paquet sur le solaire.
On regrettera en revanche que le document de cette alliance environnementale, toute à sa volonté de convaincre, fasse l’impasse sur certains enjeux politiques. A savoir la nécessité de revoir certains fondamentaux des rapports de production. Il ne suffit pas de proclamer une nécessaire frugalité; il convient aussi de garantir dans la foulée une forme de justice sociale.
Deuxième limite de ce document: les milieux patrimoniaux devraient être associés à la démarche. Si la coalition d’ONG relève à juste titre la nécessité de ne pas brader la nature à l’indispensable sortie de l’énergie fossile, elle fait quelque peu l’impasse sur un enjeu non négligeable: évitons de saccager les paysages et le patrimoine bâti pour atteindre cet objectif. A défaut, les blocages seront nombreux. Et rédhibitoires.