On nous écrit

CO22, c’est NON!

Après le refus de la réforme du cycle d’orientation à Genève, Marco Polli estime qu’il va finalement être possible d’aborder les vrais problèmes.
École

Vous avez dit «égalité des chances»? Ça fait trente-quatre ans que le Conseil d’Etat a indiqué que «les débats sur les structures ne peuvent que détourner le regard des questions essentielles», et que «c’est dans une reconnaissance de la primauté des questions pédagogiques que se joue l’avenir de l’école». Les vraies victimes des «inégalités des chances», ce sont les 20% de jeunes qui demeurent illettrés à 15 ans, un handicap qui va les poursuivre tout au long de leur vie. Car «ne pas savoir suffisamment lire et écrire est un facteur d’exclusion sociale, culturelle et économique», avait averti le Conseil fédéral dans son Message culture de 2011. Or, depuis que l’enquête PISA2000 en a révélé l’ampleur, aucune mesure sérieuse n’a été prise au niveau où elle devait l’être.

Ce ne sont pas des grigris comme «hétérogénéité» et «inclusion» dont l’école genevoise a besoin, mais d’une politique scolaire qui s’emploie à s’attaquer à la cause première de l’exclusion d’un jeune sur cinq: l’illettrisme. Pour «tendre à corriger les inégalités de chance de la réussite scolaire des élèves dès les premières années de l’école», comme nous l’enjoint la Loi sur l’instruction publique, il faut tenir compte de ces inégalités au lieu de les nier. C’est à la fin du premier cycle primaire, à 8 ans, que par tout un ensemble de moyens à développer, il convient d’identifier les futurs illettrés et mettre en place une pédagogie adaptée. Mais il ne faut pas se leurrer; c’est une entreprise de longue haleine qui requiert la collaboration de tous. Et elle se heurte actuellement à deux obstacles majeurs.

L’un d’eux consiste en une dégradation du climat scolaire. Deux enquêtes conduites en 2012 à Genève par le Service de la recherche en éducation (SRED) et son homologue valaisan ont désormais chiffré à entre 5% et 10% les «victimes hebdomadairement de harcèlement grave de la part de leurs camarades». C’est-à-dire des milliers de jeunes. L’autre obstacle est interne à l’institution: le gel depuis le tournant du siècle de l’ensemble riche des mécanismes participatifs qui unissaient la direction du DIP au corps enseignant.

La lutte contre l’illettrisme et les violences scolaires ne sera possible que par le rétablissement d’une saine collaboration au sein du DIP, et la mobilisation sur de véritables projets du corps enseignant qui est le premier acteur par qui se réalise l’instruction publique.

Marco Polli,
Genève

Opinions On nous écrit Votre lettre École

Connexion