Édito

Gauche en marche?

Gauche en marche?
L'ancien premier ministre français Bernard Cazeneuve a claqué la porte du PS après l'accord passé entre son parti et LFI. KEYSTONE
France

Un accord de coalition est à portée. Les négociateurs·trices de la France insoumise et du Parti socialiste ont trouvé un accord dans la nuit de mercredi. Avec les Verts, le Parti communiste, voire le Nouveau parti anticapitalistes, c’est une liste unique qui s’opposerait au néolibéralisme décomplexé des Marcheurs d’Emmanuel Macron.

Le conditionnel reste de mise. L’accord doit encore être validé ce jeudi par le conseil national du PS. Pour l’heure, ce sont les états-majors qui se sont entendus sur la construction de ce bloc populaire. Les éléphants du PS ont d’ores et déjà dit leur désaccord, comme François Hollande, dont on constate que la honte d’avoir conduit son parti au naufrage ne l’étouffe pas. Voire qui ont claqué la porte, à l’image de l’ancien premier ministre Bernard Cazeneuve. Nul doute aussi que tel ou tel baron local entrera en dissidence.

Il s’agit toutefois d’une bonne nouvelle. Le peuple de gauche s’est remis en marche. Et il y urgence. Car le programme de la macronie triomphante se traduira par un saccage en règle de toute une série d’acquis sociaux et de prestations minimales garantissant un tant soit peu une vie digne. A commencer par la volonté du locataire de l’Elysée, entre deux cadeaux à ses amis du CAC 40, de relever l’âge de la retraite. Sans oublier le cortège de répression musclée qu’il a lancé sur les gilets jaunes et plus largement sur celles et ceux qui tentaient de s’opposer à ces attaques.

Et parce qu’il est urgent d’opposer un front commun et des alternatives à une extrême droite qui s’est de nouveau imposée au second tour et dont le score a sans doute été plombé par le nom lourd à porter de la candidate, fut-elle dédiabolisée.

Enfin, on relèvera, élément nouveau et potentiellement de rupture, cette coalition –on est loin du congrès d’Epinay et tout de même plus proche de la gauche plurielle chère à Lionel Jospin– s’articule autour d’un nouveau pôle. Celui de la France insoumise et plus du PS. Une manière d’acter une sortie du social libéralisme qui a discrédité au sein d’une partie de l’électorat l’idée même de gauche. Et pas qu’en France.

Regagner le terrain perdu et la confiance de la base populaire sera une opération de longue haleine. Mais ce mercredi, en tous les cas, c’est un pari sur l’avenir qui a été pris. Des portes ont été ouvertes, des objectifs communs ont été définis –par exemple l’urgence climatique et le pouvoir d’achat. Ce n’est évidemment pas suffisant. Mais c’est déjà remarquable.

Opinions Édito Philippe Bach France

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