Édito

Le piège du chacun pour soi

Le piège du chacun pour soi
Le cortège du 1er Mai 2019 à Genève. KEYSTONE/ARCHIVES
1er Mai

Enfin! Un 1er Mai déconfiné. Cette année, la Fête des travailleuses et des travailleurs sera aussi l’occasion de retrouver une certaine convivialité mise à mal par deux ans de pandémie souvent vécus de manière douloureuse.

Avec, surtout, un constat désolant. On a certes vu que ce qui était refusé depuis des lustres au nom d’un soi-disant poids du réel et autres contingences économiques devenait soudain possible; mais, à présent, pas question de poursuivre sur cette voie où les besoins de tous primeraient sur les privilèges de quelques-uns. Le monde d’après ressemble furieusement au monde d’avant. Avec un creusement des inégalités accentué durant la crise sanitaire qui a vu les super riches s’enrichir – leur fortune a été multipliée par trois, selon le comité d’organisation du 1er Mai – et où la douloureuse est présentée aux classes laborieuses. On se doute bien que l’inflation qui ronge le pouvoir d’achat ne sera que partiellement compensée.

Ce dimanche se déclinera selon trois axes: paix, solidarité et liberté. Pour le premier objet, la guerre impériale que la Russie mène en Ukraine impose de rappeler les idéaux pacifistes du mouvement ouvrier. La réponse d’une course aux armements qui semble servir de mantra à la classe politique mène dans une impasse. Au-delà de ce difficile débat, la question de l’accueil des réfugié·es ukrainien·nes, pour généreux qu’il soit, ne doit pas faire oublier la forteresse Europe. Qu’il s’agit de contester, notamment via un refus ferme du soutien financier suisse à Frontex sur lequel le Souverain se prononcera le 15 mai.

La solidarité est aussi l’occasion de rappeler que l’on ne peut faire l’impasse sur la question sociale. La lutte pour le climat, la Grève féministe ou la contestation de l’élévation de l’âge de la retraite des femmes mise en votation cet automne s’inscrivent dans un programme commun qui doit être porté par l’ensemble du peuple de gauche. Aux tentatives de le diviser, il convient d’opposer les luttes communes.

Enfin, la question des libertés mise en avant est l’occasion de rappeler l’importance des droits fondamentaux comme la liberté syndicale. La criminalisation des luttes sociales vise tout simplement à empêcher la résistance à la captation des richesses produites par toutes et tous pour le plus grand profit de quelques-uns.
Rien de neuf, en fait. Mais il est toujours bon de rappeler ces évidences trop souvent occultées dans un monde rongé par l’individualisme.

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