On nous écrit

«Il faut plutôt désarmer l’OTAN»

Renée Delajoux réagit à l’agora de Jean Ziegler «Vladimir Poutine, tueur de masse», parue dans notre édition du 24 mars.
Russie-Ukraine

Avec tout le respect que je dois à son travail, permettez-moi de dire à Monsieur Jean Ziegler qu’il vit dans l’illusion d’un monde révolu. Je m’explique: Vladimir Poutine a réagi, car il était indigné d’avoir été trahi par l’OTAN lorsque celle-ci a commencé, après la fin de la guerre froide, à grignoter l’espace russe en faisant adhérer les anciens pays satellites de l’URSS à son organisation. Il faut quand même, si vous prétendez tendre vers une «paix mondiale», observer la situation géopolitique d’une manière globale!

Qu’auriez-vous fait à sa place, si vous vous étiez senti menacé de toutes parts, via l’OTAN, de perdre votre pouvoir en tant que puissance mondiale, partenaire économique majeur en ce qui concerne les hydrocarbures et puissance militaire égale ou supérieure à celle des Etats-Unis?

Croyez-vous vraiment que les casques bleus de l’ONU sont encore d’une quelconque utilité? Ce sont des fonctionnaires placés comme des pions sur l’échiquier d’un commerce ultraconcurrentiel qui privilégie les échanges financiers entre multinationales et oligarques, au détriment des populations civiles.

Plus personne ne prend les casques bleus au sérieux, et encore moins le pouvoir des consulats, des ambassades, de l’ONU, voire du CICR, machines obsolètes constituées dans les années 1950, pour «réguler» soi-disant les débordements politico-économiques des nations après la Seconde Guerre mondiale. A mon avis, dans ce contexte, M. Guterres [secrétaire général de l’ONU] n’a aucun pouvoir, si ce n’est celui de pleurer. Il fallait y penser avant la constitution de l’OTAN, par exemple…

Sans vouloir cautionner la politique totalitaire de M. Poutine, il faut aussi voir qu’en Ukraine existent des factions ultranationalistes, proches du nazisme, responsables d’exactions envers les populations russophones à Donetsk et à Lougansk.

Bref, ce conflit était prévisible et, à mon avis, si l’Europe occidentale et les Etats-Unis s’embourbent dans une course à l’armement stérile, il n’y aura jamais de «paix mondiale», comme vous dites, bien au contraire! Il faudrait plutôt désarmer l’OTAN et foutre la paix, surtout en ce qui concerne les Etats-Unis, à ces pays et les laisser se débrouiller entre eux!

Les guerres ont toujours existé, avec pratiquement toujours les mêmes objectifs: l’envahissement et l’annexion de pays intéressants économiquement par des dirigeants ambitieux et mégalomanes, voire paranoïaques. Il y a longtemps que plus personne ne croit aux discours lénifiants et angéliques de l’ONU!

Enfin, c’est tout le système de surveillance et de sécurité mis en place après 1945 qu’il faudrait réformer.

Je vous invite à réfléchir aux raisons pour lesquelles, tout à coup, l’Europe accourt au secours des réfugiés d’une seule nation, alors qu’elle laisse périr dans l’océan, à ses frontières, des millions d’autres réfugiés, issus de conflits plus anciens (Syrie, Afghanistan, Soudan, Mozambique, Yémen-Ethiopie-Erythrée, provinces de Chine, Myanmar, etc.). Faut pas rêver.

Renée Delajoux, ancienne gestionnaire en ressources humaines, psychologue du travail, Genève

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