Édito

Le rêve des grandes alliances

LE REVE DES GRANDES ALLIANCES
Une personne glisse son bulletin de vote dans une urne. PHOTO PRETEXTE/KEYSTONE
Élections

A un an des élections cantonales genevoises, les grandes manœuvres ont commencé. Avec des appels à de larges alliances espérées victorieuses.

A droite, élections après élections, revient le fantasme d’une union politique allant du centre droit à la droite dure. Et ce pour damner le pion à la gauche, minoritaire, mais qui tire profit de la division des adversaires. Arithmétiquement, le raisonnement coule de source. En terres vaudoises et fribourgeoises, ces alliances fonctionnent, pourquoi pas à Genève? Si l’UDC est fréquentable chez nos voisins, pourquoi pas chez nous?

Ce raisonnement a gagné du terrain au PLR, où une ligne rouge semble franchie. En effet, cette fois, c’est son comité directeur lui-même qui a avancé l’idée d’une réunion au deuxième tour de toutes les formations de droite qui auront obtenu un groupe au Grand Conseil. Y compris celle que Pierre Maudet pourrait lancer. A voir si la base suivra, sans parler du Centre (ex-PDC) ou des Vert’libéraux.

Car la politique se fonde d’abord sur des valeurs. Or Genève n’est ni Vaud ni Fribourg. L’UDC y est davantage zurichoise – on disait blochérienne à l’époque. Quant à l’ex-PDC, la section genevoise est celle qui défend le plus certaines valeurs humanistes. Ce parti risquerait de perdre beaucoup de plumes en s’affichant avec une UDC très éloignée de ses positions sur l’Europe, la libre circulation ou même la migration. Le fossé s’est d’ailleurs creusé depuis que plusieurs figures de l’UDC locale se sont fait tirer le portrait avec Eric Zemmour. Il y avait aussi à cette occasion un député PLR à qui le président de ce parti n’a pas jugé bon de remonter les bretelles. Peut-être le signe que la formation est prête à transiger sur certaines valeurs.

Cette élection sonnera-t-elle le rassemblement de toute la droite? La perpétuation de l’Entente PLR-PDC? Ou sa fin au profit d’un rapprochement du Centre et des Vert’libéraux d’un côté, et de l’UDC et du PLR de l’autre? Cette dernière configuration pourrait s’appuyer sur le virage à gauche pris par le magistrat démocrate-chrétien Serge Dal Busco sur le dossier de la mobilité.

Ces élections dépendront peut-être d’abord de la force de frappe de la gauche. Si l’alliance rose-vert paraît acquise – au premier ou au deuxième tour –, il restera à rallier la gauche radicale… si elle ne se suicide pas. Or sans une union de toutes ses composantes, le risque est grand qu’aucune d’elles n’atteigne les 7% de voix nécessaires pour siéger. Et si, malgré la guerre de tranchées à l’extrême gauche, la perspective de déserter le Grand Conseil doublée de celle d’une large alliance à droite forçaient les belligérants à un cessez-le-feu?

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