Édito

Accueillir sans condition

Accueillir sans condition
Des réfugié·es d'Ukraine font la queue pour s'enregistrer au Centre fédéral d'asile de Zurich, ce dimanche 13 mars. KEYSTONE
Guerre en Ukraine

Vendredi dernier, la Suisse a décidé d’activer pour la première fois un statut de protection spécial pour les Ukrainie·nes: le statut S destiné aux victimes de guerre. Selon l’ATS, depuis samedi déjà, plus de 3000 réfugié·es en provenance d’Ukraine ont pu bénéficier de ce titre de séjour dans les centres fédéraux d’asile. Ce statut, qui permet d’éviter de passer par une procédure d’asile standard et des complications bureaucratiques», est limité à une année, mais ce délai peut être prolongé, nous informait-on. Cet élan de solidarité est à saluer, si ce n’est qu’on aurait pu l’attendre aussi pour les Afghan·nes s ou encore les Syrien·nes.

Petit bémol tout de même: ce droit de séjour est réservé aux personnes qui ont des papiers en règle ainsi qu’à celles qui ne peuvent pas rentrer dans leur pays d’origine: «Le statut S sera donné aux Ukrainiens et à leur famille, mais également aux ressortissants d’Etat tiers chassés par la guerre, à la condition qu’ils aient eu avant de partir un titre de séjour légal valable en Ukraine et qu’ils ne puissent pas rentrer de manière sûre et durable dans leur pays d’origine», expliquait vendredi la Confédération dans son communiqué. Quid des personnes qui se sont réfugiées en Ukraine et qui n’ont pas eu le temps de réglementer leur statut avant l’arrivée des Russes? Que faire des étudiant·es étrangers·ères qui résident depuis plusieurs années en Ukraine pour leurs études et échappent, pour certain·es de cette manière, à la misère régnant dans leur propre pays? N’ont-ils et elles pas le droit de bénéficier de cette même protection? N’est-ce pas encore une fois créer là un double standard d’accueil?

Nos Etats ont les capacités d’accueillir. Nous le savions déjà, mais la guerre en Ukraine l’a confirmé. Cessons une fois pour toutes de créer des discriminations inutiles et acceptons toute personne qui fuit la guerre ou une région instable, que cette dernière se trouve ou non sur le continent européen. Le droit à la vie ne doit pas être conditionné à un passeport.

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