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Le temps de négocier

KEYSTONE
Guerre en Ukraine

Trois ans d’une guerre atroce. Un million de morts. A trente-six mois de l’agression de Vladimir Poutine contre l’Ukraine, le constat est terrible et difficile à accepter: les efforts incommensurables du peuple ukrainien et son courage n’ont pas suffi à repousser l’armée russe. Pas plus que le soutien occidental et les sanctions. «Selon toute vraisemblance, les Ukrainiens ont perdu la guerre», écrit Le Monde diplomatique. Un extraordinaire gâchis, alors que tout n’a pas été fait pour prévenir la catastrophe, bien au contraire. En 2022, des négociations à bout touchant ont même été torpillées par les alliés de Kiev.

Aujourd’hui, après le revirement spectaculaire des Etats-Unis, avec l’arrivée au pouvoir de l’autocrate Donald Trump à la présidence, comment imaginer que l’Europe, seule, pourrait faire plier Vladimir Poutine? Une Europe en position de faiblesse et minée par l’extrême droite, elle qui dépend du parapluie sécuritaire étasunien dans le cadre de l’OTAN. A moins qu’il ne se trouve des Etats européens pour partir en guerre ouverte contre la Russie – une option à éviter à tout prix –, on voit mal comment l’Ukraine pourrait l’emporter sur le terrain militaire. Dans l’état des forces actuelles, il devient évident que la prolongation de la guerre ne lui permettrait pas de récupérer la souveraineté sur l’ensemble de son territoire, mais risque au contraire de lui coûter davantage.

Il faut donc que l’Europe et l’Ukraine s’assoient à la table des négociations. Les termes de l’accord ne doivent pas être dictés par les Etats-Unis et la Russie dans leur dos. De toute évidence, des concessions douloureuses devront être faites. Il s’agira de les limiter au minimum, sachant que Poutine aussi a intérêt à mettre fin à une guerre qui assèche ses caisses, saigne sa population et marginalise la Russie sur la scène internationale. A partir de là, il importera de garantir la sécurité de l’Ukraine, son indépendance et sa viabilité, en réaffirmant la primauté du droit international. Une exigence qui doit également dissuader de possibles visées russes sur l’Ukraine, la Moldavie ou les Pays baltes.

L’objectif de Trump est limpide, en témoigne l’accord sur l’exploitation de minerais ukrainiens en passe d’être conclu avec le président Zelensky, mis sous pression maximale. On ne se fait pas davantage d’illusion sur la capacité des gouvernements européens, qui ont eux aussi pris un tournant militariste et autoritaire, et ont cautionné ou soutenu le génocide à Gaza, pour défendre une paix juste. Il faut donc s’atteler sans tarder à la construction d’un large pôle progressiste à l’échelle européenne, seul apte à empêcher Trump & Co de nous entraîner dans une ère où les impérialismes et les guerres seront décuplés.