Édito

Un changement de valeurs nécessaire

Brouillon auto 363
KEYSTONE/Laurent Gillieron
8 mars

Pendant que la guerre fait rage en Ukraine, le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, prend des couleurs particulières. Ce conflit est raconté comme une affaire d’hommes. Image frappante, la table des négociations entre la Russie et l’Ukraine ne compte aucune femme. Les discussions pour tenter de trouver un chemin vers la paix se déroulent sans elles. Dans le pays qui a vu naître le mouvement des Femen, les femmes demeurent largement invisibilisées. En situation de guerre, elles subissent des violences liées au genre. Depuis le début du conflit en 2014, des violences sexuelles de la part de militaires ont été documentées. Dans la situation actuelle, on ne peut que craindre le pire.

Et les routes de l’exil ne les épargnent jamais. C’est d’autant plus vrai pour celles qui tentent de rejoindre l’Europe depuis d’autres continents. Les violences sexuelles touchent des dizaines de milliers de femmes en déplacement et ne doivent pas rester invisibles. Il est temps de les reconnaître dans les procédures d’asile.

Les crises, quelle que soit leur nature, sont des moments charnières pour les droits des femmes. Le retour de bâton n’est jamais loin. Lors de la pandémie, ce sont les femmes, surreprésentées dans les métiers précaires, qui ont davantage subi de pertes de revenus. Ce sont elles aussi qui ont majoritairement pris en charge les enfants lors des fermetures d’école et des quarantaines, qui se sont occupées de leurs parents âgés ne pouvant plus sortir. Des activités non rémunérées, dévalorisées, invisibilisées. La situation est d’autant plus injuste que la crise sanitaire nous a montré à quel point la société ne fonctionne pas sans les tâches essentielles, liées aux soins et à
l’approvisionnement.

Essentielles, ces tâches le sont d’autant plus en période de catastrophe écologique. Pour ce 8 mars, Le Courrier vous invite à une réflexion sur la place des femmes dans la transition. Il est urgent de sortir d’un combat écologique pensée par et pour les hommes et de laisser de la place aux femmes dans les métiers techniques qui dessinent notre futur. Il est surtout urgent de sortir d’une économie basée sur la croissance, qui nous mène à notre perte. La pensée écoféministe réclame un changement de valeurs pour construire une économie qui privilégie avant tout le soin à l’autre et le soin à la planète. Cela passe d’abord par une visibilisation du travail attribué majoritairement aux femmes, sa revalorisation et un meilleur partage de ces tâches essentielles.

Opinions Édito Sophie Dupont 8 mars

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