Un recours qui valait la peine. UBS a été condamnée hier par la Cour d’appel de Paris à débourser 1,8 milliard d’euros (1,87 milliard de francs)! La somme peut paraître colossale, elle est pourtant loin de la facture de 3,7 milliards d’euros qui lui avait été infligée en février 2019 et contre laquelle elle recourait.

Explication: une nouvelle jurisprudence prévoit que les sommes dues sont calculées en fonction des montants de l’impôt soustrait et non sur les avoirs dissimulés. Ces derniers étant évalués à quelque 9,6 milliards d’euros! UBS n’est désormais condamnée que pour complicité de démarchage bancaire illégal et plus pour blanchiment aggravé de fraude fiscale.

Reste que même réduites, les pénalités infligées à la banque suisse aux trois clés voient ses dirigeants ronchonner et évoquer un possible pourvoi en cassation. Les actionnaires ont de leur côté tiré les premières conséquences de l’arrêt: l’action a progressé de 0,96%.

C’est l’ampleur et la roublardise du système mis en place pour inciter des riches client·es à recourir aux joies de la soustraction fiscale qui donnent le tournis. Le pire étant que les jérémiades des représentants de la banque ne sont sans doute même pas cyniques. Ces récriminations traduisent le sentiment de se croire dans son bon droit. Cette affaire témoigne d’un système bâti sur la fraude, le profit personnel bien compris et le tout est à moi, principes cardinaux d’un univers dépourvu de boussole morale. Les ressorts usés d’un système capitaliste en roue libre, car fonctionnant à rebours du bien commun et de la justice sociale. Tout est en place pour que tout recommence, de manière un peu plus discrète. La même chose mais différemment, pour paraphraser l’humoriste suisse Emil.