Édito

Une dernière note grinçante

Décapité, le projet court toujours
Le projet de la Cité de la musique a été refusé par la population genevoise le 13 juin dernier. IMAGE DE SYNTHESE (FCMG)
Cité de la musique

Au lendemain de la très courte défaite du projet de Cité de la musique dans les urnes de la Ville de Genève, le Conseil d’Etat avait clairement dit qu’il pourrait aller de l’avant et ne pas tenir compte du vote qui n’avait qu’une valeur de préavis communal. Restait à entendre les critiques émises par les référendaires et à fédérer les positions autour d’un projet remanié.

Raté. Mercredi, la Fondation de la Cité de la musique, l’Orchestre de la Suisse romande et la Haute école de musique ont tiré la prise. Car le problème, c’est que les autorités cantonales comme la fondation ont ignoré l’une des deux principales raisons du refus populaire: l’atteinte, même revue, au patrimoine arboré, environnemental et bâti. Le message était pourtant clair durant la campagne: pas touche aux Feuillantines.

L’erreur fatale a été de snober les aspirations toujours plus pressantes du monde d’aujourd’hui à la sobriété, à tous les niveaux, y compris pour des équipements culturels. Bien sûr, trouver un autre lieu prendra davantage de temps, mais le canton a juste perdu six mois de plus en faisant la preuve de sa surdité. Et Genève bien des années, puisque ses élites pensaient que les millions d’un mécène pouvaient acheter absolument tout.

En effet. Au moment d’assumer la défaite, nulle autocritique. C’est la faute au Covid et même un peu aux prises de position critiques du Courrier, grince, amer, le magistrat chargé de la culture, Thierry Apothéloz. Car sur l’autre front des raisons de l’échec – un projet réservé à la musique classique pourtant déjà si bien servie à Genève –, la fondation et le Conseil d’Etat flinguent les milieux réfractaires pour leur prétendu manque de capacité au dialogue. Peut-être, nous n’y étions pas… Mais quand Thierry Apothéloz, dépité, voire épuisé, se contente de constater la fracture au sein des milieux musicaux, tout en continuant d’assurer que la Cité de la musique était si fédératrice, on s’inquiète sur sa capacité à conduire la culture sur la voie de la réconciliation.

Car au-delà de ce projet mort d’avoir tenté de s’imposer par le haut sans convaincre de sa réelle nécessité – on parle de la salle philharmonique, pas des besoins criants de la HEM ignorés depuis des lustres par le canton –, c’est bien d’une répartition plus équilibrée des ressources au sein de l’ensemble de l’écosystème culturel qu’il est question. Et dans cette quête d’un meilleur partage de l’immense pactole avant tout municipal, le si pingre canton ne se donne pas les moyens de ses ambitions et ne propose pas de boussole.

Opinions Édito Rachad Armanios Cité de la musique

Autour de l'article

Dossier Complet

La Cité de la musique en votation le 13 juin 2021

dimanche 23 mai 2021
Cœur battant de la culture ou paquebot démesuré? Les habitant·es de la Ville de Genève doivent se prononcer sur le projet de la Cité de la musique.

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