Édito

Berlusconi Président?

Berlusconi Président?
Silvio Berlusconi fait un énième come-back pour se présenter à la présidentielle qui aura lieu en janvier 2022 en Italie. KEYSTONE
Italie

C’est le phénix de la politique italienne, son véritable Freddy Krueger en costard-cravate. Pour son énième come-back, le visage lifté sous un fin tapis de cheveux greffés, Silvio Berlusconi vise la fonction suprême: celle de président de la République – pape, il pouvait pas –, dont la prochaine élection aura lieu en janvier. L’actuel locataire du Quirinale, le très populaire Sergio Mattarella, ne désire pas rempiler. Heureusement, Silvio est là.

Ce qui semblait une boutade l’été dernier fait de moins en moins rire, à gauche en tout cas. Car au-delà de son propre parti, Forza Italia, évidemment enthousiaste, une bonne partie de la droite semble désormais prête à le soutenir, de Fratelli d’Italia à la Lega. Et l’ex-banquier devenu premier ministre Mario Draghi est sans doute trop redevable à Berlusconi pour pouvoir le snober: c’est l’ex Presidente del Consiglio qui l’avait nommé gouverneur de la Banque d’Italie en 2005, tremplin rêvé pour diriger ensuite la Banque centrale européenne.

A 85 ans, Berlusconi surfe ces jours sur un récent acquittement dans un nouveau chapitre de la saga «bunga-bunga», du surnom des soirées avec jeunes filles rémunérées qu’il organisait dans l’une de ses villas. L’affaire étant tentaculaire, les poursuites se prolongent toutefois dans d’autres tribunaux, pour subornation de témoin et faux témoignages. Des démêlés judiciaires qui s’ajoutent à une liste déjà longue.

Durant ses trois mandats de premier ministre, sa politique consistait par trop souvent à adapter les lois aux besoins de son empire médiatique. Aucune raison que cela change si Berlusconi accède à la présidence, car si la charge est essentiellement honorifique, elle n’en inclut pas moins quelques prérogatives capitales. Comme celle de nommer les membres du gouvernement et de dissoudre les Chambres. D’où la traditionnelle nomination à ce poste de figures au-dessus de la mêlée.

Mais ce qui intéresse peut-être le plus le Cavaliere, «prêt à servir [son] pays» comme il le formule avec altruisme, c’est de pouvoir désigner jusqu’à cinq sénateur·trices à vie et de jouir du droit de grâce. Avec les innombrables ascenseurs qu’il doit renvoyer, ça ne sera pas de trop.

Opinions Édito Samuel Schellenberg Italie

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