Édito

Tristes symboles plein la botte

Tristes symboles plein la botte
Giorgia Meloni, cheffe du parti Fratelli d'Italia, jeudi dernier lors du vote pour la présidence du Sénat. KEYSTONE
Italie

Les actes symboliques se succèdent dans l’Italie politique née des élections du 25 septembre dernier, qui a vu la coalition menée par Fratelli d’Italia obtenir presque 44% des sièges au parlement. Des gestes et actions qui ne présagent rien de bon.

Ainsi, jeudi dernier, Giorgia Meloni, la cheffe du parti post-fasciste, a réussi à placer Ignazio La Russa à la tête du Sénat. Avocat cofondateur de Fratelli d’Italia, connu pour collectionner les souvenirs du Duce, il était déjà à l’initiative de l’ancien parti Alleanza Nazionale, avec Gianfranco Fini, après avoir milité au sein de mouvances directement néo-fascistes.

Ironie du sort, comme doyenne de la chambre haute, c’est la lumineuse nonagénaire juive Liliana Segre qui a été appelée à présider la première séance du Sénat. La rescapée de la Shoah n’a pas manqué de souligner «la valeur symbolique» de sa présence, alors que ce mois d’octobre marque le centenaire de la Marche sur Rome et le début du ventennio fasciste. Et même si Meloni, Matteo Salvini (Lega) ou La Russa ont dénoncé dimanche la rafle du ghetto de Rome, opération nazie dont on commémorait le 79e anniversaire, aucun·e des trois ne s’est référé·e aux sinistres lois raciales proclamées par Mussolini.

Vendredi, c’est le leghiste Lorenzo Fontana qui a été nommé président de la Chambre des députés, catholique intégriste connu pour ses positions homophobes et anti-avortement. Autre message, autre symbole effrayant, alors que Giorgia Meloni tente en parallèle d’imaginer un gouvernement avec ses alliés de la Lega et de Forza Italia.

«Non, l’Italie ne va pas devenir une dictature fasciste», ont souligné divers médias après le 25 septembre. Sans doute, mais pour autant, Giorgia Meloni, très probable future présidente du conseil, ne laissera pas intacte la constitution italienne. Et tant pis pour les droits des femmes, alors qu’avorter s’avère d’ores et déjà très difficile dans certaines régions. Tant pis aussi pour les minorités sexuelles et leurs rares acquis. Quant aux personnes migrantes, la droite dure adore prétendre qu’elles auraient désormais davantage de droits que les «véritables» Italien·nes. Une litanie absurde que le centre-gauche, parti démocrate en tête, n’a pas eu à cœur de démonter lors de la campagne électorale. Lorsque les ports fermeront brutalement, ce sera hélas davantage qu’un symbole.

Opinions Édito Samuel Schellenberg Italie

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