Décapité, le projet court toujours
Le scénario qui bruissait depuis plusieurs semaines se concrétise: avec l’annonce de la démission du président de la Fondation de la Cité de la musique, celle-ci entend sauver le projet refusé en votation par la population de la Ville de Genève, le 13 juin dernier. Pour rappel, il s’agit de réunir sur la parcelle des Feuillantines la Haute Ecole de musique (HEM) et l’Orchestre de la Suisse romande en construisant notamment une philharmonie.
Le plan consiste à sortir du jeu celui qui a incarné ce projet jugé vaniteux et imposé par le pouvoir des élites et de l’argent. Mais il ne suffit pas de changer de visage, encore faut-il entendre un tant soit peu ce qui a été dit dans les urnes. On coupera moins d’arbres et on intégrera davantage les musiques actuelles. Ce redimensionnement a été défini par les perdants du 13 juin en amont de la large consultation promise par le Conseil d’Etat. Celui-ci entendra un comité référendaire convaincu que tout est joué d’avance.
Pour ce dernier, le respect démocratique impose de réunir, ailleurs qu’aux Feuillantines, uniquement les différentes ailes de la HEM, le seul aspect du projet à ne pas avoir été contesté.
C’est discutable, puisque les mécanismes légaux donnent le dernier mot au Conseil d’Etat. Politiquement, toutefois, c’est une autre affaire. D’où la manœuvre consistant à faire croire que redimensionner un peu le projet respecterait la volonté populaire exprimée. Une condition pour conserver le financement de Rolex, via sa fondation-dont-il-ne-faut-pas-dire-le-nom, dont le mécénat a pour but de soigner l’image, pas de la ternir.
Or ce sont bien les référendaires qui ont gagné, avec un message limpide: pas touche aux Feuillantines et nul besoin d’une philharmonie.
Le Conseil d’Etat à majorité de gauche et l’horloger qui arrose Genève devront assumer un éventuel passage en force.