On nous écrit

De quelle liberté parle-t-on?

Florio Togni rappelle la nécessité de la notion de bien commun.
Epidémie

Ces dernières semaines, j’ai quelques problèmes avec ce mot, la liberté. J’y suis très attaché et je la défendrai bec et ongles de toutes mes forces, mais je diverge sensiblement avec les interprétations qu’on en fait ces temps, lors de cortèges, articles, manifestes, pétitions antivax, où j’ai le sentiment que ce mot est instrumentalisé et détourné de son vrai sens.

Afin d’éviter tout malentendu, je fais partie des environ 60 % qui ont été vaccinés, mais je peux comprendre toute une série d’hésitations de la part de celles et de ceux qui refusent le vaccin. Par ces quelques lignes, je ne veux pas non plus discuter de ces hésitations ou oppositions, mais uniquement sur la conception qu’une partie du mouvement antivax a de la liberté et de son expression.

Ce n’est pas la mienne, cette liberté uniquement individuelle, celle qui décrète qu’on peut faire ce qu’on veut, quand on veut, où l’on veut. La liberté n’est pas qu’une affaire individuelle mais concerne tout le monde.

Je ne veux pas faire d’amalgames faciles et stéréotypés, ni accuser de complotisme toute divergence d’opinion: mais la liberté qui est criée dans beaucoup de cortèges d’antivax est une liberté égoïste, solitaire, exclusive, qui exprime un besoin de liberté personnel, mais ne tient compte en rien des besoins des autres: «Je ne me ­vaccine pas au nom de ma liberté ­personnelle».

La vraie liberté, celle qui permet le fonctionnement démocratique d’une société, fait appel à deux pronoms: le «je» et le «nous», dont le «je» s’intègre dans le «nous», pour favoriser et mettre au centre de nos préoccupations le bien commun, dans le cas qui nous occupe ici, il s’agit de la santé de toutes et tous. Cela s’appelle aussi la «solidarité», un effort collectif qui implique chacun et chacune d’entre nous, peut-être avec des sensibilités différentes, mais avec un objectif commun.

C’est d’ailleurs à cette même solidarité et égalité des droits qu’on fait appel lorsqu’il s’agit d’accueillir et de soigner tout le monde dans les hôpitaux, vacciné·es et non-vacciné·es, en cas de contagion et/ou de complications, sans distinction. Et c’est juste ainsi.

Pour terminer, continuons à exprimer, discuter, réfléchir, accueillir les doutes, mais faisons-le au nom de l’intérêt commun et non pas uniquement de la liberté individuelle.

Florio Togni,
Meinier (GE)

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