On nous écrit

Une intelligence immorale

Luca Bagiella estime qu’il faut concilier l’économie et l’éthique pour parvenir à résoudre la crise sanitaire et écologique.
Pandémie

La solution à la crise sanitaire que l’on vit actuellement se trouve dans la conciliation institutionnelle entre économie et éthique. C’est seulement ainsi qu’on parviendra à une intelligence cohérente avec les enjeux sociaux.

Au sein de la société contemporaine, nous pouvons distinguer, de manière très schématique, deux types de personnes fortunées. Il y a d’abord les personnes fortunées qui ont su, par des investissements, un esprit utilitariste et un sens aigu du réseautage, rentabiliser durablement leurs avoirs. Puis il y a les autres, c’est-à-dire des personnes qui ont eu une grande fortune, puis qui l’ont dépensée ou dont la richesse s’est, au cours de deux ou trois générations, dispersée. Or, dans une société où le système de valeurs est dominé par la possession d’argent, l’intelligence consisterait à avoir pour idéal le premier type. C’est là que se séparent intelligence et éthique. Car pour rentabiliser les avoirs, il faut acquérir une certaine intelligence.

En premier lieu, on peut constater qu’au sein de nos sociétés cette intelligence qui vise à la richesse est partagée par de plus en plus de personnes qui se veulent pragmatiques. Or, en peu de mots, derrière cette intelligence, il y a cet idéal qui consiste à faire travailler les autres pour soi. Je ne vise pas ici les directeurs ou les entrepreneurs qui travaillent autant sinon plus que leurs collaborateurs. Je parle des rentiers (à l’exception des invalides au sens large) et des actionnaires. Sur ce, nul besoin de long discours pour soutenir que cette intelligence est parfaitement immorale et que si l’on tend tous à ce type d’intelligence, alors on parvient à un type de société où règne le désordre. La question qu’on peut se poser, c’est si l’on souhaite vraiment que ce soit ce type d’intelligence qui nous oriente?

La réponse à cette question semble évidente; cependant, ceux qui cultivent ce type d’intelligence sont tellement valorisés socialement qu’il n’y a aucun intérêt pour eux, individuellement, à changer leur comportement destructeur. En conclusion à cet article, je voudrais soutenir que ce devrait être le devoir et la fonction première des institutions de faire en sorte que, entre autres, la richesse soit uniquement le fruit du travail. Car c’est seulement ainsi – en ayant toujours la justice sociale en ligne de mire – que les autorités pourront trouver la cohésion sociale indispensable à la résolution urgente de la crise sanitaire et écologique.

Luca V. Bagiella, doctorant en sciences sociales
et en philosophie à l’université de Lausanne). La Conversion (VD)

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