On nous écrit

Un choix de vie

Léon Meynet souhaite répondre aux propos du professeur Alain Garrigou publiés le 12 août dans une page «Contrechamp».
Vaccins

C’est avec grand intérêt que j’ai pris connaissance de votre article publié dans l’édition de ce journal du 12 août. J’ai été très surpris de la part d’une personne de votre niveau que vous fassiez un parallèle entre les climato-sceptiques et les vaccino-sceptiques. Je pense que ce raccourci fulgurant relève une méconnaissance de la réalité socioculturelle de ces scepticismes diamétralement opposés. Il en va de même lorsque vous avancez la phobie (vaccinophobie) comme terme prêtant à controverse pour désigner, selon vous, ces opposant·es inconscient·es et peu recommandables. Mais là où vous dérapez plus gravement c’est lorsque vous associez la liberté qu’ils et elles revendiquent au libertarisme.

Vous le savez, comme moi, que le libertarisme n’a rien à voir avec la liberté, ni avec les libertaires (anarchistes), car il n’est qu’une pure usurpation libérale venue de la Sillicon Valley pour définir le moins d’Etat et plus de capitalisme. Soit dit en passant très exactement l’idéologie de la Macronie qui roule sans vergogne pour ladite formule en n’ayant pas peur de brader à tour de bras tout ce qui est public (aéroport de Paris, EDF, SNCF, Véolia…) au privé ou selon la forme très prisée des élu·es de la majorité de droite de l’hexagone, PPP (partenariat public privé) dont découle l’équation bien connue: les charges pour le public et les bénéfices pour le privé.

Mais, trêve de digression, revenons à nos moutons, soit à celles et ceux qui s’opposent à la vaccination et que vous désignez comme des free riding (passager clandestin) qui sont les empêcheurs d’atteindre l’immunité collective. Un peu comme si les vacciné·es étaient «les bons» et les non-vacciné·es «les mauvais». Celles et ceux qui sont irresponsables. Et vous érigez comme un dogme une immunité collective qui prendrait, en la circonstance, le pas sur l’action collective. Autrement dit, vous êtes prêt à passer par des méthodes plus radicales qui aboutiraient à une obligation vaccinale! Pour ce faire, vous fustigez un gouvernement d’atermoiements qui, au nom de la démocratie, hésite à contraindre et fait confiance à la pédagogie. Et, pour en rajouter une couche, vous êtes convaincu que le bien public – la vaccination en serait un – se place au-dessus des libertés individuelles. Sans doute auriez-vous raison avec une gouvernance qui soit exemplaire en la matière, mais côté pédagogie, on ne peut pas dire qu’elle en a fait preuve depuis les débuts de cette pandémie en traitant ce dossier sanitaire à un niveau jamais vu jusque-là en cinquième République, celui d’un Conseil de la défense, soit qui bazarde toute considération des institutions démocratiques.

Quant au bien public, permettez-moi de ricaner, car dans le cas particulier il est à géométrie variable et ne va pas forcément dans le sens des intérêts de tous·tes les administré·es. Au contraire, il crée ce clivage que vous semblez encourager pour cause de force majeure et qui a les fâcheuses conséquences que nous avons pu apprécier dans la presse et les journaux télévisés, hier en Israël et aujourd’hui en France, mais en Suisse aussi dans une moindre mesure, avec des prestations de loisirs, de culture, de vie publique réservées aux vacciné·es et interdites aux autres. Avec vos allégations spécieuses, vous bannissez le libre arbitre et vous semblez vous ranger du côté d’un déterminisme qui soumet le corps social aux actes de force qui le nécessitent pour un seul et unique résultat final, en minimisant les possibilités d’un processus aléatoire qui peut avec les mêmes entrées produire différentes sorties.

Vous êtes-vous seulement posé la question: est-ce que les vaccins ne seraient pas un frein à l’atteinte de l’immunité collective? Et là encore la récente actualité de la recrudescence des cas Covid-19 avec le variant Delta en Israël pourrait être là pour le confirmer.

Soyez un peu moins dogmatique et un peu plus fataliste en permettant à chacun de faire le choix de la vie qui lui convient.

Léon Meynet, Chêne-Bougeries (GE)

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