On nous écrit

Plus agé·és… et du coup moins myopes

Philippe Junod défend la lettre collective demandant le départ du MAH de son directeur, Marc-Olivier Wahler.
Musée d'art et d'histoire

On reproche leur âge aux signataires de la lettre collective relative à la direction du Musée d’art et d’histoire. Mais en l’occurrence c’est peut-être un avantage: moins myopes devant l’actualité immédiate, les protestataires bénéficient sans doute d’une perspective historique plus large. Car enfin, ce qui est ringard, ce n’est pas l’indignation que soulève la nouvelle orientation du MAH, mais bien sa politique, qui ne fait que suivre une mode, celle d’un «déconstructivisme» suranné datant du siècle dernier! Quand on invoque le saint patron Harald Szeemann, on oublie qu’il était à la tête d’une Kunsthalle, et non d’un musée patrimonial, responsable de la gestion, de la conservation et de la mise en valeur de collections.

On peut penser ce qu’on veut de l’art dit contemporain, mais on ne saurait confondre deux fonctions distinctes, celle du créateur et celle du conservateur. On ne met pas un pilote d’avion à la barre d’un paquebot. Szeemann a marqué son époque en ouvrant les fenêtres, provoquant un courant d’air salutaire. Mais il était intelligent… Or ses disciples n’ont souvent fait que monnayer un succès démagogique dont on paie les retombées aujourd’hui. Il est temps de mettre un terme à cette fâcheuse dérive en corrigeant une monumentale erreur de casting qui ne peut que faire du tort à l’image de l’un de nos grands musées.

Philippe Junod, professeur honoraire d’histoire de l’art à l’UNIL

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