Rien ne mah plus?
Faut-il renvoyer Marc-Olivier Wahler, directeur du Musée d’art et d’histoire de Genève? C’est ce que demande une lettre signée par plus de cent personnalités de la culture, très fâché·es avec les manières du nouveau venu. En poste depuis novembre 2019, le Neuchâtelois de 57 ans est accusé de venir de l’art contemporain, de ne pas respecter son personnel, de n’être guère concerné par le rôle scientifique de son musée ou d’aligner trop de zéros sur son chéquier.
Quant à sa récente «Nuit avec Ramsès», elle en aura déboussolé plus d’un·e, interloqué·es de le voir allongé jusqu’à l’aube aux côtés d’une grande statue du pharaon. C’est que derrière son flegme tout britannique et son phrasé de velours, le curateur aime briser les conventions. Or dans la Cité de Calvin, donner l’impression de vouloir se mettre en avant relève du pénal.
Au-delà de ce coup médiatique, si des voix critiques s’élèvent aujourd’hui, c’est en partie parce que MOW, comme on l’appelle, n’a probablement pas suffisamment expliqué sa démarche – la pandémie n’a évidemment pas aidé. A l’externe, le directeur a crée de l’incompréhension et une grosse dose de suspicion. Alors qu’à l’interne, il a généré des frustrations, auprès de collaborateur·trices se sentant mis·es sur la touche; quand bien même son programme vise à renforcer les collaborations entre domaines et façonner une équipe qui tire à la même corde.
Aujourd’hui, il ne s’agit pas de chasser d’un revers de la main les voix discordantes, en prétendant que le mal-être d’une partie de l’équipe serait inexistant; voire en pointant l’âge moyen des signataires de la lettre. Certaines craintes formulées ces dernières semaines sont légitimes et vont au-delà d’un simple conflit intergénérationnel. Marc-Olivier Wahler se doit d’affronter le débat, pas de l’esquiver. Au MAH, seuls Ramsès et consorts peuvent se permettre de rester de marbre1>Façon de parler: le pharaon est en granodiorite noire.
Notes