Baignade réautorisée avec prudence
Les conséquences du réchauffement climatique pèsent sur le lac de Neuchâtel. Après l’épisode des cyanobactéries l’an dernier, la crue historique du lac menace le fonctionnement des systèmes d’épuration et donc la qualité de l’eau. La baignade a été interdite une semaine. L’eau a continué de monter jusqu’à sa stabilisation dans la nuit de dimanche à lundi à 430,72 m au-dessus du niveau de la mer. C’est 21 centimètres plus haut que son niveau de crue et 27 de plus que son record de 2015.
Cette semaine, le niveau est redescendu mais très lentement. Jeudi, le lac était à 430,65 mètres. Une situation qui ne permet toujours pas l’épuration optimale des eaux usées. L’analyse microbiologique de plusieurs échantillons d’eaux prélevés sur les rives neuchâteloises jeudi a toutefois permis de lever l’interdiction de la baignade. Si aucune pollution notoire n’a été relevée, cela n’exclut pas le fait que l’eau puisse être par endroit souillée. Le Courrier fait le point sur l’état des eaux actuellement rejetées dans le lac.
La station d’épuration de Neuchâtel n’a pas été inondée en raison de la crue, comme l’affirmaient certaines rumeurs. «Notre système de gestion des risques prévoyait un tel scénario, même si nous ne pensions pas que cela puisse arriver», confie Antoine Benacloche, l’ingénieur communal de la Ville de Neuchâtel. «Nous avions prévu 430,50 mètres mais pas 430,72 mètres. Une alarme a tout de même retenti dans la nuit de dimanche à lundi car de l’eau est entrée dans les galeries, mais il n’y a pas eu de dégâts», détaille-t-il.
Filtration biologique impossible
En revanche, certains bassins situés en dessous du niveau du lac ont dû être fermés. Ce qui ne permet plus le traitement biologique des boues par les bactéries. Par conséquent, l’eau ne subit que la première partie du processus de traitement. Elle passe uniquement par des grilles, des tamis et des bassins de décantation. En raison de la crue, elle ne peut pas non plus subir de filtration par le sable, car l’eau trop chargée colmaterait les filtres. «L’eau rejetée contient encore 30% de charge pollutive. Ce qui peut évidemment avoir un impact immédiat sur les rives», commente l’ingénieur communal.
Plusieurs stations de pompages situées en dessous du niveau du lac ont également été arrêtées afin de ne pas être endommagées. «Un système de déversoir permet de rejeter les eaux usées dans le lac. C’est actuellement le cas au port de Neuchâtel, à Monruz, au Quai Osterwald et à Serrières», explique Antoine Benachloche. Il s’agit principalement des eaux usées des ménages. Les eaux rejetées par l’industrie sont soumises à un prétraitement avant d’être évacuées.
L’ingénieur se veut rassurant: «Ces eaux usées sont très diluées par la pluie. Cela fait partie de notre système de gestion des risques, cela arrive régulièrement lors de gros orages, sinon il nous faudrait des infrastructures démesurées pour parer à certains événements ponctuels.» Et de préciser que même en temps normal, la STEP ne rend pas l’eau consommable mais «suffisamment propre pour que le lac puisse faire son propre travail d’épuration». Au fur et à mesure que le niveau du lac baisse, l’ingénieur communal retrouve son sourire. «Dès que le lac sera à 450,50 mètres, la station d’épuration pourra reprendre normalement ses activités. Cela pourrait prendre plusieurs jours. En fonction de la météo de ce week-end.»
Attention aux fortes pluies
Bien que la baignade soit à nouveau possible, les autorités appellent à la prudence. Parmi les 35 plages analysées, six ont été classées en catégorie B. Bien qu’aucun risque pour la santé n’ait été signalé, le Service cantonal de la consommation et des affaires vétérinaire (SCAV) avance que la qualité de l’eau peut se dégrader temporairement après un épisode de fortes pluies en raison du déversement d’eaux non épurées. Il est donc conseillé d’attendre vingt-quatre heures après la fin des pluies pour se baigner à la plage d’Auvernier et à Neuchâtel sur les Jeunes Rives Est à proximité de l’université.
Des chutes d’arbres sont possibles dans les zones inondées ainsi que des glissements de terrain. Bien que la décrue se poursuive, la navigation reste interdite car les vagues générées par le trafic peuvent engendrer des dégâts supplémentaires sur les rives et dans les ports ainsi que de nouvelles inondations.