Tchernobyl bis repetita
Le plus grand silence entoure l’apparition d’une fission atomique auto-entretenue dans le réacteur no 4 de Tchernobyl. Une braise mortelle couve sous l’enchevêtrement d’amas radioactifs d’uranium et de zirconium.
Trente-cinq ans après le pire accident du monde, le spectre de la fission auto-entretenue dans les ruines nucléaires hante les esprits. Ingénieurs et scientifiques sont désarçonnés, car leurs prévisions modélisées avaient exclu un tel scénario.
Et pourtant, il y a une poignée de semaines, les autorités ukrainiennes se gaussaient de la perspective du développement d’un pôle touristique de la zone et de son double sarcophage où se trouvent piégées 170 tonnes d’uranium irradié. Une démarche est d’ailleurs en cours pour obtenir le label au patrimoine mondial de l’Unesco.
Même s’il existe une clientèle pour ce tourisme de l’insolite et de l’extrême, c’est quand même un peu fort du bouchon d’oser imaginer une telle issue.
Banaliser ce qui a été/est une catastrophe sans précédent aux conséquences non résorbées en démontrant qu’elle n’est pas plus dangereuse qu’un tigre en cage dans un zoo ne manque pas d’audace et d’irresponsabilité. Autrement dit, communiquer pour rendre durablement acceptable toute dangerosité que pourrait représenter les centrales en cas d’accident.
Nous avions déjà été victimes de l’entourloupe du nuage nucléaire résultant de l’explosion initiale de 1986 qui avait, paraît-il, contourné notre pays alors que nous étions en plein dans l’œil du cyclone avec le vent est-ouest.
Ne soyons pas dupes au point de délégitimer cette situation pourtant dangereusement explosive qui pourrait avoir des conséquences imprévisibles et catastrophiques pour nous, êtres humains, et notre environnement!
Léon Meynet,
Chêne-Bourg (GE)