La Cité de la musique est un projet de lieu culturel. Cela peut sembler anodin ou trivial, mais à suivre les débats qui entourent cet objet, on pourrait l’oublier. C’est le cœur de ce qui m’amène à lui apporter mon soutien.

En effet, ce projet est né pour répondre aux besoins réunis de la Haute école de musique (HEM) et de l’Orchestre de la Suisse romande (OSR). L’école est en effet actuellement dispersée sur sept sites dans des locaux qu’elle loue. L’OSR occupe le Victoria Hall pour sa saison de concerts mais aussi pour ses répétitions. Une salle magnifique, construite en 1894 par un privé pour l’Harmonie nautique puis donnée en 1904 à la Ville, mais qui ne répond plus aux besoins actuels d’un orchestre symphonique. De plus, libérée par l’OSR, elle pourrait être mise à disposition de manière élargie à d’autres artistes, notamment de la scène locale.

La Fondation qui a été créée pour ce projet a réuni les financements, trouvé le terrain, mené le concours d’architecture et s’engage pour sa mise en œuvre. Celui-ci a évolué pour tenir compte des critiques: préserver au mieux les arbres, assurer des espaces pour des biotopes spécifiques ou proposer une programmation de toutes les musiques dès son ouverture. Le projet bénéficie d’un don privé substantiel pour sa construction tout en assumant sa vocation cantonale.

Ce point est essentiel! Le Canton engagera directement des moyens supplémentaires pour la culture, ce qui libérera le Victoria Hall et permettra le développement d’une programmation spécifique à la Cité de la musique, donc des espaces et des financements en plus pour les artistes genevois·es.

Que l’UDC s’oppose à la création d’un nouveau lieu culturel, soit (comme pour la nouvelle Comédie ou le Pavillon de la danse). Mais que des acteurs culturels décrètent qu’il y a déjà assez de lieux pour la culture me semble choquant. Les études de publics menées par mon département depuis dix ans démontrent que la fréquentation est excellente: le public genevois a soif de culture, dans toute sa diversité! Ouvrir un lieu culturel sur la Rive droite est un acte politique fort et cohérent avec la volonté de proposer une offre culturelle sur l’ensemble du territoire.

De plus, la référence à des exemples de «plans B» qui auraient été tellement faciles à mettre sur pied témoigne d’une méconnaissance profonde de la réalité! Le Pavillon de la danse est un lieu magnifique et essentiel, mais il arrive quinze ans après l’échec de la Maison de la danse et ne répond pas à l’ambition de l’époque, qui dépassait largement une salle de spectacle, puisqu’y figuraient des espaces de répétition, une bibliothèque, etc. Les équipes du Musée d’ethnographie de Genève (MEG) font un travail fantastique, mais il a fallu près de quinze ans pour aboutir au projet actuel, de dimension beaucoup plus modeste et enterré sous terre. Pour le Musée d’art et d’histoire (MAH), j’ai mis en place un processus concerté qui part d’un projet culturel cohérent dès l’échec de 2016. Je suis convaincu que nous parviendrons à un beau projet mais il coûtera nettement plus cher et il verra le jour au mieux en 2029.

J’ai moi-même initié la démarche d’urgence climatique au sein de la Ville, je trie mes déchets, n’ai plus de voiture depuis des années, me déplace en vélo et en train. Mais nous devons avoir une vision globale et agir localement. Je défends la préservation et les plantations d’arbres que nous menons au sein du Conseil administratif. Mais je défends aussi le fait d’avoir des équipements et des parcs publics attractifs et accessibles, pour toutes et tous, car c’est ainsi que nous limiterons les «cities breaks» ou les sorties motorisées chaque week-end. La réponse à l’urgence climatique sera sociale ou ne sera pas.

Un échec de la Cité de la musique n’apportera de bénéfice à personne. La parcelle restera un domaine privé inaccessible, voire un bâtiment de bureaux, et il n’y aura pas de moyens supplémentaires pour la culture.

Je voterai donc en faveur d’un nouveau lieu culturel ouvert, pluriel et public en Ville de Genève.