Édito

L’après-pandémie a commencé

Covid: introspection onusienne
Si l’OMS a par trop tardé à tirer la sonnette d’alarme, elle n’est pas seule en cause. KEYSTONE
Pandémie

Il a fallu trop de temps à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour décréter l’urgence internationale dans le cadre de la crise du Covid-19. Cette conclusion provient d’un rapport d’experts indépendants mandatés par l’organisation onusienne diffusé mercredi.

Celle-ci joue donc la carte de la transparence. C’est une bonne nouvelle dans la mesure où elle a fait montre dans un passé récent d’une certaine perméabilité aux pressions. Dans le domaine du nucléaire, notamment, en minimisant de manière scandaleuse les effets de la catastrophe de Tchernobyl pour cause de liens incestueux avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Mais dans d’autres domaine, elle a aussi fait montre de certaines limites: le poids des lobbies de la pharma, voire de l’industrie du tabac, ont notamment pesé et ralenti certaines politiques de prévention, comme le montre le documentaire TrustWho1>TrustWho, de Lilian Franck. diffusé au Festival du film des droits humains FIFDH en 2019.

Si l’OMS a par trop tardé à tirer la sonnette d’alarme, elle n’est pas seule en cause. Le rapport pointe aussi les inerties au niveau des pays. Les autorités nationales ont peiné à prendre des dispositions pour empêcher la propagation du virus, relèvent les auteur·trices du document.

Ces retards à l’allumage se traduisent par des chiffres très différents selon le volontarisme et les politiques mises en œuvre. Les plus de 100’000 morts en France sont ainsi attribués à des dysfonctionnements institutionnels, comme le relève un article de la revue Regards2>Regards, Sylvestre Huet, «COVID-19, comment Emmanuel Macron a tout raté », article daté du 27 avril. . Des politiques différentes, dans d’autres pays, ont eu des effets sanitaires bien plus efficaces, pas plus liberticides et sans impact plus marqué sur l’économie, au contraire.

La question des pandémies est donc aussi et surtout politique. Elle plaide pour que nos systèmes sanitaires soient repensés, que des moyens soient donnés aux organismes internationaux chargés de les prévenir et que les priorités soient clairement définies.

Mercredi, pourtant, la Suisse a campé sur ses positions, en refusant par exemple de revenir sur son opposition à la levée des brevets sur les vaccins pourtant recommandés par ce rapport. Contrairement aux Etats-Unis qui ont, eux, opéré un virage à 180 degrés sur cette question. Cela ne laisse pas présager une capacité à l’introspection de la Suisse, une fois que nous aurons surmontés cette crise du Covid-19.

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