Genève

La CGAS se divise sur Avenir syndical

Un projet de résolution discuté au sein de la Communauté genevoise d’action syndicale vise à ostraciser Avenir syndical au nom de la lutte contre les discriminations et le harcèlement.
La CGAS se divise sur Avenir syndical 1
Avenir syndical, Syna et SSP ont manifesté ce mardi devant l’EMS La Maison de Vessy. Ensemble jusqu’à quand? JPDS
Syndicats

Ce mardi matin, Avenir syndical et Syna organisaient ensemble une mobilisation devant l’EMS de Vessy. Le SSP y participait également. Une seule action, mais deux communiqués de presse distincts ont suivi. C’est peu dire qu’Avenir syndical, scission du SSP, peine à se faire reconnaître par ses pairs. Un projet de résolution circule d’ailleurs actuellement au sein de la CGAS (Communauté genevoise d’action syndicale) visant à ostraciser Avenir syndical. Une assemblée extraordinaire des délégué·es a même été convoquée le 11 mai pour en discuter.

Dans ce projet de résolution intitulé «Pour un mouvement syndical sans violences sexistes», plusieurs reproches sont formulés en termes virulents à l’encontre d’Avenir syndical. Celui d’avoir fait le choix du «sectarisme et de la division». Un acte jugé belliqueux qu’accentuerait une «politique de recrutement consistant à ‘siphonner’ les membres d’autres syndicats à coup de cotisations low cost».

Mépris des victimes

Mais surtout, Avenir syndical est accusé de ne pas être «du même bord» après avoir engagé un ancien permanent d’Unia surnommé Roger par la presse, accusé de harcèlement par plusieurs femmes, et qui avait vu son contrat de travail résilié au terme d’une enquête interne dont les conclusions n’avaient pas été divulguées. Ce faisant, le nouveau syndicat ferait le choix «de la rupture objective avec les principes de l’égalité entre hommes et femmes» et «de la minimisation des violences sexistes et du mépris des victimes».

En conclusion, le projet de résolution, initié semble-t-il par le SIT, invite les partis politiques et les mouvements sociaux à éviter de cosigner ou soutenir des appels d’Avenir syndical, de participer à des séances intersyndicales ou de mener des luttes en commun avec lui.

Me Joanna Burgisser, avocate de Roger, estime que plusieurs éléments contenus dans le texte sont attentatoires à la personnalité. «Cette chasse à l’homme est odieuse. On utilise des moyens déloyaux pour s’acharner contre mon client avec des conséquences graves pour lui.»

Un syndicat qui a du succès

Le processus du projet de résolution n’ayant pas abouti, Davide De Filippo, président de la CGAS et secrétaire syndical du SIT, ne commente pas. «C’est délicat, la réaffirmation d’une ligne contre les violences sexistes se heurte à un autre principe fondamental de l’unité d’action. Ce texte n’est pas facile à trancher. Il fait l’objet de discussions intenses nécessitant de la sérénité et non de nous étaler sur la place publique.»

Preuve de ces discussions intenses, un autre texte circule. Un projet de lettre ouverte signé par plusieurs membres de divers syndicats genevois. Ceux-ci relèvent d’abord n’avoir connaissance «d’aucune plainte déposée contre le syndicaliste en question». Puis se demandent si la nouvelle organisation ne serait pas «avant tout gênante de par le succès qu’elle rencontre». Cette résolution «veut-elle combattre le sexisme en milieu syndical ou museler un syndicat concurrent dont le succès fulgurant fait de l’ombre à plusieurs composantes de la CGAS», interrogent-ils.

Interpellé par Le Courrier, Marc Simeth, membre du SIT, ancien président du Cartel intersyndical et signataire du projet de lettre ouverte, refuse, lui aussi, de répondre à nos questions. «Nous ne ferons pas de commentaire pour l’instant, il s’agit d’une affaire interne aux syndicats et à la CGAS. Nous ne la réglerons pas au travers de la presse», se borne-t-il à déclarer.

Des intérêts communs

Selon nos informations, la direction d’Unia s’est récusée sur le projet de résolution, refusant de prendre parti et que quiconque dans le syndicat participe à l’assemblée de la CGAS. Elle souhaite qu’aucun·e de ses membres ne prenne position dans un sens ou un autre sur une affaire qui concerne un ancien employé, quand bien même certain·es ont déjà signé le projet de lettre ouverte.

Et sur le terrain? «J’écoute nos membres. Ils souhaitaient participer à l’action de ce matin, il était normal que je sois présente», explique Sabine Furrer, syndicaliste du SSP, présente mardi à Vessy.

Secrétaire régional de Syna et vice-président de la CGAS, Fabrice Chaperon était également à Vessy. Il n’entend pas signer le projet de résolution, même s’il défend une politique de tolérance zéro face au sexisme, au harcèlement et, plus généralement, à la violence dans les syndicats. «Nous avons des intérêts communs avec Avenir syndical, dans les EMS notamment. Nous nous regroupons à la demande de nos militantes et militants et pour la défense de leurs intérêts», estime-t-il.

Mobilisation à La Maison de Vessy

Une cinquantaine de personnes, employé·es et membres des syndicats Avenir syndical, Syna et SSP, ont manifesté ce mardi devant l’EMS La Maison de Vessy. Elles demandent que le personnel touche la prime gériatrie (entre 400 et 600 francs par mois) comme dans la fonction publique et que le temps d’habillage soit compté comme temps de travail. L’initiative 125, approuvée par le peuple et prévoyant une augmentation des effectifs, doit être mise en œuvre, ont encore exigé les salarié·es. CPR

Régions Genève Christiane Pasteur Syndicats

Connexion