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Un dialecte au quotidien

Anne-Marie Bergdol commente un entretien intitulé «La Suisse va enfin protéger ses patois».
Langue

Dans le MAG du 9 avril, sur le sujet des patois, Raphaël Maître donne des renseignements très intéressants quant à la Suisse romande, et particulièrement sur la situation en Valais. Par contre j’ai été frappée par sa description nettement déformée de la situation linguistique de la Suisse alémanique. L’auteur écrit: «La Suisse va enfin protéger ses patois»: mais la Suisse alémanique n’a cessé de les protéger, et surtout n’a jamais cessé de les parler au quotidien, dans toutes les générations, et toutes les classes sociales, à la campagne et dans les villes.

Au 19e siècle des débats ont eu lieu dans les cercles cultivés: le dialecte pourrait-il continuer d’être utilisé par toute la population, au moment de l’urbanisation et de l’industrialisation rapide? Mais parallèlement, le caractère de particularité nationale, au moment de la création de la Suisse moderne, a renforcé la position du dialecte alémanique. La situation, à peu près telle qu’elle existe encore actuellement, s’est cristallisée à ce moment: le Hochdeutsch était la langue de l’écrit, et des situations formelles (prédications, tribunaux), tandis que le dialecte était toujours parlé par tous dans toutes les situations quotidiennes.

Au début du 20e siècle, le Hochdeutsch a été «en vogue» parce que beaucoup d’Allemands vivaient en Suisse (dans les villes environ 30%), mais pendant la première guerre mondiale, cette «mode» a disparu. Donc les Suisses alémaniques ne se sont pas «remis au dialecte après la seconde guerre mondiale», comme le dit l’auteur, puisqu’ils n’ont jamais cessé de le parler en tant que langue maternelle. Actuellement il est utilisé aussi bien pour parler de sujets quotidiens que d’économie, d’écologie, de numérisation, dans les couloirs du Palais fédéral entre autres. Un ouvrage de 2020, Schweizerdeutsch, Sprache und Identität… de trois linguistes connus, décrit la trajectoire du dialecte alémanique dès 1800.

Anne-Marie Bergdol,
Chexbres (VD

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