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Absence de réaction des scientifiques

Marie Schonbachler critique notre éditorial sur l’assouplissement des mesures sanitaires annoncées le 14 avril par le Conseil fédéral.
Santé

Votre éditorial du 15 avril m’interpelle sur plusieurs points. Tout d’abord votre interprétation de «l’humilité» m’interroge dans un contexte où la Confédération a décidé des assouplissements contre l’avis de la Task force et à contre-courant des pays qui ont vacciné plus que la Suisse et qui «humblement» continuent à rester plus prudent que notre gouvernement.

Ensuite, je m’interroge sur cette certitude selon laquelle l’ouverture des pistes de ski n’a pas dégradé la situation sanitaire. En décembre et janvier derniers, il y a eu plusieurs flambées dans les hôtels des stations de ski. Aussi, certains épidémiologistes et infectiologues, comme Didier Pittet, n’excluent pas que l’ouverture des pistes de skis entre Noël et Nouvel An ait contribué à la propagation du variant anglais en Suisse et peut-être même dans les pays voisins.

Les médias manquent de subtilité face à la complexité de la gestion de la crise sanitaire et leurs analyses des dernières décisions du Conseil fédéral et de la notion «du risque calculé» en témoignent. J’aurais voulu avoir accès à l’avis des épidémiologistes sur cette décision politique, mais malheureusement face à la présence écrasante des milieux économiques, ils étaient quasi absents des médias suisses au lendemain des annonces de la Confédération, tout comme les jours qui ont précédé cette conférence de presse. Au lieu d’avoir des informations pondérées incluant aussi la réaction des scientifiques, la population a eu droit à l’enthousiasme débordant et peu critique des médias et à l’écho assourdissant des milieux économiques qui réclament davantage d’ouverture!

Entre les membres de la Task force qui démissionnent les uns après les autres en dénonçant un «corsetage politique» qui empêche «l’information scientifique non filtrée» et les médias qui construisent un récit sur la pandémie qui accorde une place démesurée aux milieux économique, il y a lieu de s’interroger! Le récit médiatique en Suisse romande nous a raconté de manière unanime que malgré la hausse de l’épidémie, les assouplissements signifiaient «entrevoir le bout du tunnel». De quoi rendre perplexe une partie de la population qui, voyant les contaminations augmenter, n’assimile pas «le bout du tunnel» à une bière sur une terrasse, mais à une circulation minimale du virus dans le pays.

Marie Schonbachler

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