Édito

Un pari en toute humilité

Un pari en toute humilité
Les terrasses des cafés et restaurants accueilleront à nouveau des client·es dès lundi prochain. JPDS
Coronavirus

Terrasses, cinés, théâtres, universités, stades, fitness… Comme un air de vie normale va à nouveau souffler dès lundi sur la Suisse. Plus d’un an après le déclenchement d’une crise sanitaire et économique qui n’en finit pas, l’annonce du Conseil fédéral fait du bien au moral, sans dissiper le sentiment d’inquiétude. Faudra-t-il se mordre les doigts et regretter un grave manque de prudence en cas de retour de bâton? Ou pourra-t-on se féliciter d’avoir entendu, même très partiellement, le ras-le-bol et la détresse de toute une partie de la population, allant des secteurs économiques frappés par les fermetures, dont la culture, à la jeunesse déprimée?

Il faut espérer que le pari sera gagnant, à l’instar de l’ouverture des stations de ski qui n’a pas généré de foyers d’épidémie, tandis que les pays voisins condamnaient leurs pistes. Le rassemblement de Moutier, lors de la votation sur son indépendance, n’a, là encore, pas donné lieu à une recrudescence de cas, autorisant un certain optimisme. En outre, la campagne de vaccination devrait rapidement adopter un rythme plus soutenu.

Reste que seul un critère sur les cinq fixés par le Conseil fédéral lui-même pour relâcher la pression est respecté, celui du nombre de malades en soins intensifs. Celui du taux de reproduction ne l’est pas et le nombre de cas repart à la hausse… Quant à la vaccination, on ne peut pas dire que la Suisse soit bonne élève. Par exemple, un tiers seulement des 70-79 ans ont reçu deux doses.

Sur un plan purement sanitaire, et alors que les pays alentours vivent sous un régime bien plus strict, les mesures annoncées mercredi passent pour de la précipitation. A ce propos, les pressions sidérantes de l’UDC et de certains milieux économiques n’y sont pas étrangères, ces voix tonitruantes en voulant d’ailleurs beaucoup plus.

Cela dit, pour que la population et l’économie puissent traverser cette pandémie, la Suisse doit pouvoir apercevoir le bout du tunnel. Cette relative ouverture est sans doute indispensable. Ne serait-ce qu’afin d’empêcher que la psychose ambiante ne constitue un frein à la campagne de vaccination. Et pour que la vie continue à avoir du sens. Tout simplement. Et en toute humilité.

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