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We can breathe

We can breath
Le frère de la victime (à gauche) et son avocat, à l'issue du procès ce mardi 20 avril à Minneapolis. KEYSTONE
Justice 

On respire. Le meurtrier de George Floyd, le policier Derek Chauvin qui a étouffé sa victime durant neuf interminables minutes et vingt-neuf secondes, sous le regard indifférent de ses coéquipiers, a été reconnu coupable au terme de trois semaines d’un procès qui a tenu en haleine le monde entier.

Les preuves étaient accablantes. L’agonie de cet Afro-Américain implorant vingt fois «I can’t breathe», devenu le symbole des violences policières contre la minorité noire, a été filmée. Un verdict contraire aurait semblé inimaginable. Et pourtant pas improbable dans un pays où la justice punit très rarement les bavures policières. Heureusement, les émeutes dont on pouvait craindre qu’elles embrasent Minneapolis en cas d’acquittement ont laissé place à la liesse.

Si un appel n’est pas exclu, ce procès marque déjà un tournant dans le mouvement Black lives matter, et nous dit que, pour la justice aussi, cette fois, «la vie des Noir∙es compte». L’espoir est-il permis d’un changement en profondeur? Joe Biden et sa vice-présidente, Kamala Harris, promettent des réformes de la police et de la justice. Le président a reconnu que «le racisme systémique est une tache sur l’âme de la nation», un racisme que ce «meurtre en plein jour» a permis de montrer au monde entier. A quelques voix près lors de la présidentielle, on en serait resté à Donald Trump fermant les yeux sur les crimes de l’extrême droite et encourageant les émeutiers complotistes, racistes et suprémacistes du Capitole. On respire.

Soulagée, la famille de George Floyd. Soulagé∙es, les millions d’Afro-Américains et Afro-Américaines. Mais sans naïveté. Ils et elles savent que le racisme est profondément enraciné aux Etats-Unis. Que la violence est endémique dans ce pays où le port d’une arme à feu est banal, encouragé et impossible à remettre sérieusement en question.

Dans un pays qui cultive cette mentalité de cow-boys, le shérif a forcément raison. Les nombreux faits divers tragiques et les réactions violentes dans la rue qu’ils suscitent ne vont pas disparaître de sitôt. Les scènes tragiques ne seront pas toujours filmées par un smartphone.

Quant à l’Europe, elle aurait tort d’observer les événements étasuniens avec détachement. Car la violence policière et son lot de racisme gangrènent aussi la France. En Suisse, plusieurs décès de Noirs dans le canton de Vaud ont mis cette question à l’actualité, bien que la justice ait récemment reconnu la légitime défense au policier qui a tiré trois coups de feu sur Hervé Mandundu.

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