Édito

RTS: l’affaire n’est pas terminée

RTS: L’AFFAIRE N’EST PAS TERMINÉE
Pascal Crittin,directeur de la RTS. KEYSTONE/Peter Schneider
Médias

Après des années de rumeurs et de souffrances étouffées, la reconnaissance vendredi, par la RTS, d’actes de harcèlement sexuel au sein de sa rédaction aurait pu marquer le début d’une nouvelle ère pour la télévision publique. On en est loin, malheureusement! La contrition affichée par les dirigeants du média audiovisuel tranche avec les minimes conséquences qu’aura le rapport d’enquête présenté vendredi: un licenciement – bien tardif –, une sanction formelle, une mutation et un départ, ces deux derniers volontaires. Les hiérarchies de la RTS et de sa holding suisse SSR, malgré des années de silence et d’inaction, s’en tirent à très bon compte.

De même que l’ancien présentateur Darius Rochebin, dédouané par un rapport d’enquête pour le moins laconique. Tout juste sait-on que les expert·es mandaté·es estiment n’avoir pas identifié de «harcèlement sexuel ou moral» ni, plus largement, rien de «pénal» dans le comportement du journaliste parti depuis à Paris. Qu’en est-il, dès lors, des tentatives de séduction de l’expérimentée vedette sur de jeunes journalistes, de ses gestes déplacés envers des collègues et autres pratiques révélées par Le Temps – et dont certaines ont pu être confirmées par Le Courrier? Fantasmes de journalistes et de témoins? Ou actes minimisés au nom d’un juridisme étroit, alors que la déontologie et l’éthique auraient nécessité une condamnation claire et forte? L’instruction de la plainte déposée par Darius Rochebin contre Le Temps nous en apprendra sans doute davantage. Mais sur la voie de rapports de pouvoir – fut-il symbolique – plus sains et protecteurs, la SSR semble bien s’être arrêtée en chemin.

Même la pourtant très prudente Simonetta Sommaruga, conseillère fédérale de tutelle, n’a pas hésité à afficher son scepticisme. «La SSR doit instaurer une nouvelle culture d’entreprise», a-t-elle tweeté vendredi. Façon d’estimer que la direction actuelle était déphasée? A lire entre les lignes, le maintien à la direction de la SSR de Gilles Marchand, impliqué dans la mauvaise gestion d’un des cas de harcèlement, ne semble pas ravir la conseillère fédérale.

Comme l’a souligné la socialiste, l’affaire n’est pas terminée. Les révélations médiatiques de l’automne ont rompu l’omerta. Quelque 180 témoignages récoltés ces derniers mois doivent encore être étudiés. Le vent de révolte contre les abus est loin d’être apaisé, et c’est bien l’essentiel.

Opinions Édito Benito Perez Médias

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