On nous écrit

Une simple évolution de notre langue

Renée Delajoux répond à une lettre de lectrice parue le 23 mars dernier.
Réaction

Je souhaite réagir au commentaire de Mme Elizabeth Dumont à Genève par rapport à sa consternation au sujet de votre décision d’utiliser le langage ­épicène. Je trouve, au contraire, qu’il était grand temps de l’introduire et qu’il reflète les combats féministes du XXIe siècle. Au même titre qu’une femme est intitulée docteure, auteure, avocate, ou pasteure, pour citer les professions où cette extension du français est relativement récente, je pense qu’il n’y a pas là un dessein d’infantilisation ni de récupération politique, mais bien plus une simple évolution de notre langue française qui jusqu’à nouvel avis est encore une langue vivante.

Il ne s’agit pas d’une injonction faite aux femmes de penser de telle ou telle manière, mais d’une évolution de notre société, à travers son expression écrite et orale. Personnellement, j’ai toujours conservé mon libre arbitre et je n’ai pas l’impression que la langue épicène changera quoi que ce soit à ma liberté de penser. Au contraire, il y aura plus de précision dans la langue française pour s’exprimer, et savoir s’il s’agit de sujets féminins et/ou masculins.
Je ne vois aucune discrimination ni aucun jugement de valeur négatif vis-à-vis de femmes dans cette démarche.

Renée Delajoux,
Genève

réponse de la rédaction

Depuis un mois, Le Courrier utilise le langage épicène. Pour un certain nombre de personnes, cette pratique constitue un bouleversement, et un désagrément: nous en sommes désolé·es. Pour d’autres, elle est déjà naturelle et était attendue. Cette réalité souligne à quel point la langue est le reflet d’une société en évolution constante – aujourd’hui plus sensible à la question des inégalités entre hommes et femmes – et un matériau vivant.
Des nouveaux usages, l’histoire de la langue en est truffée. Gageons que celui-ci nous semblera bientôt plus juste et plus précis que ne l’est aujourd’hui le masculin générique, ce faux neutre. Il y a des années que Le Courrier est attentif à faire entendre les voix moins audibles de la société. Le langage épicène s’inscrit dans cette logique, qui est aussi politique: ce qui n’est pas représenté existe beaucoup plus ­difficilement.
Le langage épicène crée-t-il des difficultés de lecture? Comment la langue s’est-elle transformée au fil des siècles? Epicène, peut-elle être belle? Nous aborderons toutes ces questions dans notre dossier du 30 avril, sans oublier les difficultés qu’a pu impliquer pour nous cette nouvelle aventure. A bientôt donc!

La rédaction

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