Un mort du Covid sur quatre est Brésilien
Triste record. Mardi, le Brésil comptabilisait 4200 morts du Covid-19 en un seul jour. Soit plus d’un quart des décès dus à la pandémie dans le monde. Une catastrophe sanitaire sans précédent dans le pays. Le même jour, le Tribunal suprême n’a rien trouvé de mieux que de permettre à nouveau la tenue de cultes religieux réunissant de nombreux fidèles, contrevenant ainsi aux confinements déclarés par les préfets. Des lockdowns partiels décrétés tardivement il y a une dizaine de jours et que Jair Bolsonaro a contestés sans succès devant la justice.
Le président brésilien est considéré par beaucoup dans le pays comme le principal responsable de l’hécatombe actuelle, ayant tour à tour nié la réalité du virus, contré les mesures de distanciation sociale, promu sans réserves des traitements inefficaces comme la chloroquine et nourri des craintes fantaisistes sur les vaccins. A tel point que plusieurs des 74 demandes d’impeachment déposées à son encontre au parlement l’accusent de «génocide». En période de pandémie, pas moins de quatre ministres de la Santé se sont succédé, ballotés par les caprices absurdes du chef de l’Etat.
Pendant ce temps, le peuple a faim. Lundi, une étude montrait que depuis un an, plus d’un Brésilien sur deux a connu une forme d’insécurité alimentaire et plus de 19 millions de personnes souffrent de malnutrition. Une réalité presque invisible depuis les beaux quartiers du pays. Les maigres aides octroyées en 2020 aux travailleurs pauvres (environ 100 francs suisses pendant quelques mois) n’ont pas suffi. Or, la semaine dernière, le parlement estimait qu’une allocation d’urgence de 250 reais en moyenne (40 francs suisses) suffirait cette fois-ci. Pour autant, l’argent ne manque pas au Brésil, concentré entre les mains des plus riches, qui ont encore vu leur fortune augmenter en 2020.
La popularité de Jair Bolsonaro n’a jamais été aussi basse. Pourtant, 48% de la population seulement considère le bilan du président comme «mauvais» ou «très mauvais». Le niveau de défiance envers le monde politique et les médias est tel qu’une bonne partie de la population continue à s’«informer» exclusivement à partir des réseaux sociaux, perméable à n’importe quelles fake news. Une autre partie des citoyens, en revanche, se dit prête à soutenir l’ancien président de gauche Luis Inacio Lula Da Silva, qui vient d’être libéré des accusations de corruption à son encontre par un juge du Tribunal suprême électoral (TSE). Relancé prématurément dans la course à la présidence pour 2022 – toutes les enquêtes le donnaient gagnant en 2018, avant qu’il ne soit injustement accusé –, Lula n’est cependant pas tiré d’affaire. La plénière du TSE, instance hautement corrompue et politisée, se prononcera encore le 14 avril prochain. Telenovela à suivre.