La ZAD est morte, vive la ZAD!
La ZAD (zone à défendre) du Mormont, dans le canton de Vaud, a été évacuée après cinq mois d’occupation, ce mardi, par la police qui a débarqué en force. Une décision que l’on sentait venir mais qu’on ne peut s’empêcher de déplorer. Etouffer de la sorte des expériences de démocratie directe laisse souvent un arrière-goût amer.
Que ce rappel au respect strict du droit ait été décrété par une magistrate verte qui gère opportunément à la fois l’environnement et la police marque de manière frappante – et un brin démoralisante – la marge de manœuvre réduite des élu·es progressistes. Le cadre de l’écologie politique reste passablement verrouillé sur le plan institutionnel, mais il eût été possible d’être proactif sur ce dossier.
On retiendra toutefois que ce cadrage par une conseillère d’Etat de gauche a sans doute contribué à ce que l’intervention se passe de manière relativement calme. A part des tirs de balles en caoutchouc au début de l’action, le recours à la force est resté proportionné. Et c’est tant mieux.
Mais relevons aussi que l’autorité vaudoise continue d’avoir un problème avec la liberté de la presse. Les journalistes et photographe du Courrier – dont deux avaient passé la nuit sur place – ont été traité·es avec un autoritarisme de mauvais aloi. Le système des accréditations inventé pour l’occasion par la police vaudoise constitue une entrave, à notre avis illégale, à la liberté de la presse et d’informer, et qui ne saurait rester sans suite. Il n’est pas admissible de parquer les photographes – comme cela avait été le cas lors d’une manifestation à Lausanne en 2019 – ni d’expulser celles et ceux qui ne portent pas le «gilet officiel» distribué par les pandores, comme cela est arrivé hier lors de l’évacuation de la ZAD.
Enfin, on peut estimer qu’au-delà de la fermeture du camp et la fin de cette expérience de démocratie horizontale, la défaite des zadistes est toute relative. Il faut leur savoir gré d’avoir remis la prééminence du béton dans nos sociétés sur le devant la scène. Une industrie énergétivore, polluante, à fort impact paysager.
A quelques semaines du vote de la loi sur le CO2, ce rappel est sans doute salutaire. Cette législation n’est qu’un premier pas si l’on entend sortir de la crise climatique avec des réponses à la hauteur des enjeux. Le scrutin du 13 juin – et d’éventuelles actions en droit à la suite de l’évacuation – seront aussi l’occasion de poser ces enjeux sur la table. Ils sont tout de même plus fondamentaux que les éventuels impacts économiques des instruments que cette législation prévoit de mettre en place et que les partis de droite vont ériger en épouvantails bien commodes pour que rien ne bouge.