Édito

Nécessaire retour de la solidarité

Nécessaire retour de la solidarité
KEYSTONE/IMAGE D'ILLUSTRATION
Spécial Noël

Un Noël un peu particulier. Cette année, cette fête familiale par excellence se fera en petit comité ou à géométrie variable. Difficile de prendre le risque de transmettre le Covid à un parent âgé. Personne n’a envie d’avoir ça sur la conscience. Et ne parlons même pas des aînés en EMS qui doivent se contenter de coups de fil pour parler à leurs enfants et petits-enfants.

L’ambiance est lourde. Le cœur est gros. Vivement que cela cesse… Mais gardons à l’esprit que cette année a aussi été l’occasion de remettre au centre de nos préoccupations des valeurs de solidarité que certains estimaient obsolètes et dépassées au regard des impératifs de rentabilité et d’efficience. Ce printemps, le personnel soignant a été applaudi tous les soirs. On a assisté à un retour en grâce du commerce de proximité (même si, admettons-le, dans le même temps, Amazon ou La Poste ont pulvérisé leurs objectifs).

Reste que les eaux glacées du calcul égoïste se sont quelque peu réchauffées. Lorsqu’il a été prévu, comme à Genève, de faire payer à la fonction publique les cadeaux faits aux nantis via la nouvelle fiscalité sur les bénéfices des entreprises, les autorités sont tombées sur un os. Elles ont dû constater l’indécence de leur proposition et ont fait machine arrière. Ce n’est sans doute que partie remise mais le constat est là.

La justice sociale, la solidarité, le souci des plus faibles, l’aune à laquelle devrait se mesurer la force d’une société, ont un peu retrouvé de leurs lettres de noblesse. Non, la vie ce n’est pas cet assaut compulsif et un peu vide de consumérisme. C’est plutôt le voisin en galère, ces familles endettées pour cause de chômage qui peinent à finir le mois et à qui aucun cadeau n’est fait, l’aîné coupé du monde qu’il faut rassurer, les jeunes qui sont restreints dans leur vie sociale à un âge où celle-ci est si importante, ces expatriés qui ne peuvent pas rentrer au pays pour voir leurs proches et qui en souffrent…

Cet appel-là a été entendu. Ces valeurs essentielles du vivre ensemble méritent plus que jamais d’être défendues. Une maigre consolation sans doute face à l’épidémie et son terrible bilan. Mais un acquis sur lequel il est possible de s’appuyer pour construire un monde fait de fraternité et de sororité.

Joyeux Noël solidaire, donc, à tous nos lecteurs et lectrices.

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