Édito

Le théâtre, ici et maintenant!

Le théâtre, ici et maintenant !
La culture, une mission de service public, au même titre que le gaz et l’électricité. KEYSTONE
Arts de la scène

Le spectacle vivant a ceci de particulier qu’il met le plus souvent en présence comédien.nes ou danseur.euses face à un.e spectateur.trice. Ces arts dits vivants, du temps des Grecs déjà, convoquaient plusieurs disciplines des arts de la scène – théâtre, danse, chant, musique – dans les amphithéâtres de nos ancêtres. Cela fait donc plus de vingt-cinq siècles que la rencontre avec le public se fait dans cet «ici et maintenant» de la représentation afin que la catharsis opère.

Pour représenter le monde, les artistes ou les collectifs à la tête de compagnies de théâtre ou de danse travaillent souvent en équipe. Elles comprennent celles et ceux qui montent sur scène, sous les feux des projecteurs, braqués par les éclairagistes. Et les professions de l’ombre, costumières, maquilleuses, scénographes, musicien.nes, vidéastes, régisseur.euses, etc, qui œuvrent en coulisse.

Les projets mettent un an, deux, voire une vie à se façonner, sous la tutelle des administrateur.trices de compagnie – quand les moyens sont là pour les employer. Les créations doivent ensuite voyager dans un système de tournées, locales, nationales ou internationales, pour que le spectacle soit vu partout par le plus grand nombre.

Que se passe-t-il lorsque à l’échelle de la Suisse romande, sans parler de la Suisse alémanique ou du Tessin, certains cantons rouvrent leurs théâtres – le 13 décembre en Valais – tandis que d’autres les maintiennent fermés dans l’espoir de faire chuter plus rapidement les taux de contamination par le Covid? Il devient tout simplement impossible pour les professionnels de la scène, engagés sur le mode de l’intermittence sur plusieurs productions dans l’année, de poursuivre leur mission. Une mission de service public, au même titre que le gaz et l’électricité, comme le disait Jean Vilar, fondateur du Festival d’Avignon.

La pandémie ne cesse de faire des victimes et les pouvoirs publics sont tenus de prendre les mesures nécessaires pour la contenir. Mais pourquoi pénaliser les industries culturelles, qui représentent 10% des entreprises suisses, alors qu’on laisse les gens se bousculer dans les magasins pour faire leurs emplettes de Noël? Les responsables de la culture des gouvernements genevois et vaudois, notamment, ont promis qu’ils allaient se concerter pour rouvrir progressivement et au plus tôt théâtres et cinémas. La balle est dans leur camp car les salles de spectacle ont su s’adapter en se dotant de plans de protection qui ont fait leurs preuves. Le théâtre n’est pas encore mort, mais il faut agir vite.

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