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Le vrai but de ce projet est l’austérité

Marc Simeth exprime son point de vue sur un projet de loi qui concerne l’enseignement secondaire genevois.
Enseignement

Le projet de loi 12661 déposé par une partie de la droite genevoise exige une augmentation de 27% du temps de travail des enseignants du Cycle d’orientation (CO). Selon les arguments des signataires, ce projet de loi a pour but d’instaurer, à Genève, un temps d’enseignement au CO dans la moyenne des autres cantons suisses; de diminuer les tâches administratives inutiles des enseignants au profit d’un temps d’enseignement raisonnable; de dégager des moyens financiers supplémentaires au profit de prestations prioritaires et enfin de maîtriser la croissance des charges du canton.

Ne vous y trompez pas! Même si le premier point entend démontrer que les enseignants ne travaillent pas assez et que le deuxième veut donner l’illusion que l’on s’attaque à la chienlit dans laquelle ils sont prétendument plongés, ce projet de loi n’a qu’un but bien précis. Je n’entre pas dans les détails explicatifs fournis par la droite pour justifier cette absurdité, on voit bien que ces personnes n’ont pas enseigné, n’enseignent pas, ni n’enseigneront jamais au CO, ne connaissant simplement rien à la profession.

Non, le vrai but de ce projet, c’est toujours le même pour la droite: l’austérité. Faire des économies à tout va, partout, tout le temps. La vraie fausse bonne idée, l’œuf de Colomb vous dis-je! Pourquoi les points trois et quatre du projet de loi sont-ils stupides? Tout simplement parce qu’il ne faut jamais faire des économies sur le dos de l’école. Il faut au contraire investir dans l’école, car elle est l’une des principales richesses de ce canton et de ce pays. Dans une étude sur la petite enfance, si l’on en croit la logique économique, l’Etat a tout intérêt à investir davantage dans celle-là. Pour Ernst Fehr de l’université de Zurich, économiste, «les dépenses faites dans ce domaine sont favorables à la croissance mais également à la réduction du risque de pauvreté à la retraite». Selon lui, «un franc investi dans la petite enfance en rapporte entre deux et sept à la société». Si cela est valable pour la petite enfance, pourquoi serait-ce différent pour le Cycle d’orientation? Les rédacteurs du projet de loi devraient être capables d’apprécier la logique économique, non? Ce d’autant plus qu’un rapport de l’institut BAK Economics vient de confirmer les chiffres d’E. Fehr en évoquant la somme de 3,25 milliards de francs d’augmentation du PIB suisse par an grâce à l’investissement dans la petite enfance. Investissons dans la petite enfance et investissons dans l’école! Il est plus que temps de le faire, les taux d’intérêts négatifs actuels se prêtent par ailleurs à ça.

Marc Simeth,
enseignant, syndicaliste, ex-président du Cartel intersyndical genevois

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